Mémoires d'Hadrien ; Carnets de notes de mémoires d'Hadrien

Magnifique écriture, magnifiques tournures de phrases... Passionnantes précisions sur l'Histoire, beaucoup d'intelligence dans ces réflexions imaginées d'un empereur romain... Un chef d'œuvre !

« Ceux qui auraient préféré un journal d’Hadrien à des Mémoires d’Hadrien oublient que l’homme d’action tient rarement de journal : c’est presque toujours plus tard, du fond d’une période d’inactivité, qu’il se souvient, note, et le plus souvent s’étonne. » Arrivé au crépuscule de son existence, l’empereur Hadrien écrit ses mémoires à l’intention de son successeur et petit-fils adoptif, le futur empereur philosophe : Marc Aurèle. Un regard introspectif sur près de vingt années de règne sur le plus grand empire du monde. Il en tire un bilan fait de réussites : ses succès militaires qui lui ont valu de rentrer dans les bonnes grâces de l’empereur Trajan, son goût pour les arts et la culture hellénique, qui ont connu un essor culturel encore jamais vu jusqu’alors, et sa compréhension et son respect des cultes qui ont apporté une paix relative au sein de l’empire. Mais aussi un bilan fait d’échecs : son incapacité à régler pacifiquement les révoltes juives en Palestine, peu après la mort de son jeune amant Antinoüs, l’ont plongé dans une profonde mélancolie. Marguerite Yourcenar offre sa vision de la figure historique qu’est l’empereur Hadrien. Un livre qu’elle a retravaillé pendant trente années. Elle avait songé, au départ, de créer une forme de dialogue, mais se résigna de peur de voir la personnalité de l’empereur Hadrien se noyer au milieu d’autres protagonistes. Le choix des mémoires est judicieux car il permet à l’écrivaine de fusionner avec son personnage principal. À tel point que le jeu des comparaisons est tentant. L’homosexualité de l’empereur répondant à celle de l’écrivaine. Là où un banal essai historique aurait affadi Hadrien, le roman historique déguisé en mémoires permet d’animer un personnage, qu’on aurait tort d’imaginer aussi monolithique que le marbre des statues. Sous la plume d’Yourcenar, Hadrien paraît sous un jour réaliste, contenant toutes les vertus et vices des hommes. Loin de s’astreindre à la discipline ascétique des stoïciens, c’est un être fait de passions, un amoureux des arts pour qui la vie est un banquet. Et c’est parce qu’il est un homme d’État éclairé que ses tourments apparaissent touchants au commun des mortels.

Autobiographie apocryphe, forcément non autorisée par le sujet et dont le contenu est, pour partie importante, sorti tout droit de l'imagination de l'auteure. Pourtant, si on lisait ce livre sans cette connaissance préalable, on y croirait ! D'une part, le contenu historique est prodigieux de précision et particulièrement prenant (l'unification et la pacification de l'empire romain comme but ultime d'Hadrien). Surtout, l'intimité d'Hadrien, ses pensées les plus profondes, ses sentiments, craintes et espoirs, ... nous sont exposées avec une sincérité et une transparence telle que l'on comprend que Marguerite Yourcenar ne s'est pas juste "mise à la place" d'Hadrien, elle est devenue Hadrien. Enfin, la beauté de l'écriture, la passion qui filtre à travers les mots, la justesse et l'intelligence qui éclaire de nombreux passages, font de ce roman une des plus beaux que j'ai eu la chance de lire. Bref, ce roman me conforte dans l'idée que Marguerite Yourcenar est l'auteure la plus douée et surtout la plus passionnante que je connaisse (aprés avoir aussi lu "l'oeuvre au noir", autre chef d'oeuvre qui nous en apprend un peu plus sur M.Y.)

Hadrien, empereur romain, sent la mort arriver. Ainsi, il décide d’écrire ses mémoires à travers un récit à destination d’un de ses successeurs - son petit fils, Marc-Aurèle. Il va ainsi retracer toute sa vie, de sa carrière militaire, puis de politique, de pacifiste et enfin d’homme qui se voudrait accompli sur son lit de mort. Ce roman est un chef d’œuvre et a été un réel coup de poing. L’écriture est sublime, mêlant poésie, monologue, histoire et philosophie. Il faut savoir que tout cela provient de l’imagination de l’auteure. En effet, tout repose sur des faits historiques réels, mais les pensées ont été « créées ». Mais, cela est tellement bien fait qu’on y croit. On croit à cette empereur qui s’imagine Dieu, cette empereur qui veut seulement la paix et l’amour mais qui n’hésitera pas à raser Jérusalem (événement qui impacte encore notre société actuelle). On veut aimer cet Hadrien, imbus de lui-même mais qui au fond apporte tellement de réflexion et d’idées nouvelles (par exemple: l’adoption et le fait qu’on peut avoir un fils provenant d’ailleurs). Tout au long du roman j’ai été bercé par les réflexions de cet Empereur et cela a rendu mon été beaucoup plus agréable.

Nous sommes au IIe siècle, l'empereur Hadrien, âgé et mourant, adresse le récit de sa vie à celui en qui il place ses espoirs pour l'avenir de Rome, le jeune Marc Aurèle. "Faire en sorte qu'il se trouve devant sa propre vie dans la même position que nous" tel est le projet de l'autrice ainsi qu'elle le rapporte dans ses carnets. Pour cela, elle aura eu besoin de 27 années faites de recherches, d'abandons, de destructions et de réécritures mais le résultat est là. Ce livre magnifique mêle l'histoire, la poésie et la fiction tout en nous rendant présente, tangible, réelle la vie d'un homme dans toute son humaine complexité. J'ai lu ce livre avec plus de lenteur qu'à l'accoutumée, c'était nécessaire pour digérer et méditer entre deux chapitres les très belles réflexions que recèle le texte.