Le grand vide

Je n'étais pas très emballée par le visuel mais le monde m'a embarqué. Durant la lecture, je me demandais quand commencé la réalité et où s'arrêté la fiction. Une lecture très intéressante sur notre société qui m'a bien animé !

Un ovni dans le genre qui dans un style graphique à la fois singulier et extrêmement sobre percute violemment ses lecteur.ices. Le genre d'histoire qui vous donne l'impression d'avoir été attrapé par le col, par force, malgré vous... Mais voilà c'est pour ça aussi qu'on aime la BD, parce que l'imaginaire des auteur.ices peut nous pousser dans nos retranchements, nous bousculer... mais il y a toujours derrière la transmission d'une idée, d'une émotion et il n'y a pas que les mots pour ça.

Un style graphique assumé et dans un grand format. Le discours est convenu, peut être un peu simpliste, mais juste. Cela reste une bd plaisante.

Vous allez suivre le destin de Manel Naher dans une mégalopole futuriste, où seule la présence compte ! Mais Manel qui n’en a que faire d’être présente aux yeux du monde, découvre qu’une autre Manel Naher, une chanteuse émérite, lui vole le peu de présence qui lui reste. Elle subit alors une crise cardiaque. Mais que va-t-elle devoir faire pour éviter de mourrir ? Cette histoire est complètement déroutante, mais vous allez l’adorer pour son discours très critique de notre monde actuel. Léa Murawiec, dresse une fable intelligente sur notre volonté, toujours plus forte, de présence dans le monde irréel. Tandis que la vraie Manel Naher rêve avec son meilleur ami, d’aller voir « le grand vide ». Elle va apprendre à ses dépens que si elle veut vivre ; elle va devoir tout mettre en oeuvre pour être présente aux yeux des autres. Dans cette histoire elle va devoir faire des choix, mais est-ce réellement les choix dictés par ses envies ou par la société ? L’histoire est sublimée par un travail de typographie, et surtout de dynamisme dans le dessin. On sent que l’autrice a beaucoup travaillé ses planches pour donner du rythme à son histoire, et nous happer dans cette autre réalité. D’ailleurs, la trichromie est un procédé que Léa maîtrise parfaitement grâce à ses débuts dans le monde du fanzine

Graphiquement, il y a de l'idée je n'adhère pas au design des personnages mais il y a un vrai travail sur les décors. Sur le concept, il y a une vraie réflexion sur l'identité mais c'est englué dans un gloubiboulga verbal. L'absurde sans humour ca ne fonctionne pas : c'est juste prétentieux et pseudo-intellectualisant. Encore une preuve s'il en était besoin que la sélection d'Angoulême est prête a n'importe quoi pour mettre en avant le plus possible de petits éditeur s y compris a nommer des bouquins qui ne sont pas à la hauteur.