La truie, le juge et l'avocat

Saviez-vous qu'au moyen-âge les animaux pouvaient être envoyés au tribunal à leur procès? Moi non, je l'ai appris avec ce roman graphique que j'ai beaucoup aimé. Une bande dessinée nous contant une histoire digne d'une fable de la Fontaine. L'histoire se déroule donc au moyen-âge, une truie est accsuée de meurtre sur le fils d'un notable de la ville. Son sort semble scellé jusqu'à ce qu'un avocat arrive en ville et décide de s'occuper de la truie et de clamer son innocence face à un juge qui n'a que mépris face aux êtres qu'il juge inférieurs à lui. Voici donc une satire sociale drôle, irrésistible et pathétique. Quand la folie humaine croise la route des animaux et leur laisse peu de choix face à leur avenir. J'ai aimé la construction de l'histoire et l'arrivée de cet avocat un brin étrange et fantasque mais qui a à cœur de défendre cette pauvre bête tout en ridiculisant le juge  et le procureur. Je ne vous cache pas que cette pauvre truie maman de quatre porcelets m'a fait beaucoup de peine, le graphisme et la luminosité met bien en avant les sentiments de cet animal qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Le juge est un être exécrable qui, comme bon nombre d'hommes à l'époque, n'a que mépris pour les femmes pensantes, notamment pour la sienne qu'il prend comme un objet. J'ai énormément aimé la fin de ce graphique qui est un juste retour des choses. Un chouette graphique que j'ai pris plaisir à lire.

Si toute situation n’est soumise qu’à l’interprétation des puissants, bien malin celui qui prédira le retour de bâton. On pourrait s’estimer heureux d’être dans un état de droit qui donne à chacun une possibilité de se défendre et de raconter sa version des faits. Il est nécessaire de toujours faire confiance aveuglement à cette protection qu’est censée nous apporter une justice impartiale et objective. Oui mais voilà, si comme dit Orwell « tous les hommes sont égaux mais certains le sont plus que d’autres » alors la foi se brise et les doutes complotistes apparaissent. Rien n’est pire que ça car chacun y va alors de sa fable et oublis le sens commun. Il ne manque pas d’exemple, quelque soit le pays et l’histoire, ou les puissants semblent protégés et ce peu importe leurs méfaits. Mais ce n’est ni une généralité ni une raison de croire au tous pourris. Mieux vaut se lever avec l’envie de changer les choses que de subir en ralant. Dans « la truie, le juge et l’avocat » on est plongé dans l’absurde d’un procès intenté à une truie qui aurait provoqué la mort d’un « fils de » 😬. Si l’absurdité d’un témoignage à charge d’une truie peut conduire à la condamnation des faibles il faut alors la malice et l’ingéniosité de l’éloquence pour tenter de sauver la situation. On rit beaucoup dans ces scènettes où se mêlent les discussions des hautes sphères, la soumission des faibles et la vindicte populaire avide toujours de plus de spectacle. C’est subtilement mis en dialogue par Laurent Galandon, qui arrivent à nous étonner de tant de répartie au fil des pages. Les dessins de Damien Vidal sont sublimes de vie, d’absurde aussi dans les situations si bien mises en forme et accentuent l’hilarité globale d’un scénario qui est loin de l’être. Au final les puissants pensent gagner mais le Boomerang revient toujours et coupe là où il faut 🙄🙃. Une très bonne lecture pour tout âge qui fera réfléchir à juste titre sur nos capacités de demander la « juste ice » pour tous, tout le temps.