Il m'a volé ma vie

Ce témoignage est poignant, il est aussi indispensable pour comprendre et ne plus juger. Merci.

L’emprise qui s’installe doucement mais surement. Les mains de cet homme qui se referment tel un étau sur elle, fragilisé et impuissante. Très belle BD, qui peut aussi servir de prévention.

Guetter. Le moment où il bascule et devient bourreau. Tenter de dévier la trajectoire par des stratagèmes. Se préparer. Résignée. Seule. La première des violence est dans la mise en place de ce mécanisme. Car c’est celui qui change au fond de soi et qui maintient sous pression constante, pour faire attention aux mots exprimés, aux gestes effectués. Celui qui souffle à l’oreille de tout excuser dès lors qu’un peu de « normalité » et donne par le bourreau. Avant même la violence physique, cette emprise est ce qui détruit le plus profondément. Elle est parfaitement décrite dans « Il m’a volé ma vie », témoignage terrifiant de Morgane Seliman adapté par lfbollee. Case après case le piège se referme, insidieux, rampant tel ces vagues qui vous tirent vers le fond. Car c’est bien de ça qu’il s’agit. D’une noyade. D’être au centre d’un tourbillon qui mène forcément à l’inéluctable. Seule. Car l’isolement accentue la spirale et donne au bourreau encore plus de latitude, de lâcher prise. C’est glaçant. On ne peut que comprendre ce qui arrive sans aucunement juger ce qu’elle « aurait pu faire pour fuir  » ou pas . Ce témoignage est indispensable pour toutes celles qui subissent une emprise néfaste. Pour les aider à trouver la force de la voir, de briser la solitude et de contrer la peur. Les dessins de Francisco sont sobres comme le ton qu’il faut savoir prendre pour aborder le sujet, ce qui ne les empêchent pas d’être beaux et percutants. Il faut être attentif aux autres pour entendre ces histoires. Car le plus dur c’est sûrement de pouvoir commencer à s’ouvrir et casser l’isolement. Fuir le tête à tête avec le pervers, mettre en place les protections qui tomberont l’emprise et qui permettront de soigner ce qu’il a cabossé. Rien n’est définitif, l’amour ( le vrai hein, celui qui accompagne et écoute loin de tous ces mécanismes et violences), peut tout panser.