Blonde

Ce livre n’a rien d’une biographie, il s’agit avant tout d’un roman déguisé en biographie. Si la romancière se base sur certains éléments biographiques, elle ne retient avant tout que ceux qui vont lui permettre de dresser un portrait psychologique, de dessiner les contours de la femme cachée derrière l’actrice et de l’icône glamour. On pardonne volontiers certaines libertés et des situations qui ont sûrement été inventées de toutes pièces. Mais elles s’insèrent tellement biens dans le récit qu’on se prend à les considérer comme authentiques. On ressent tout de suite de l’empathie pour Norma Jean Baker, que l’auteure prend soin de dissocier de Marilyn Monroe. Cette dernière étant une autre entité, un véhicule à fantasmes pour la gente masculine. La romancière n’hésite pas à aborder de manière crue la sexualité de l’actrice, la manière dont les hommes la considèrent comme un bout de viande. Aussi il est évident que ses traumas d’enfance l’ont conditionné pour le reste de son existence. Grandir sans connaître son père, élevée et abandonnée par une mère schizophrène. Sans vouloir faire de la psychanalyse de comptoir, elle présentait toutes les caractéristiques d’un trouble de la personnalité borderline (instabilité affective, peur de l’abandon etc), ce qui explique cette avalanche de relations amoureuses, pour la plupart sans lendemain. Norma Jeane avait besoin d’être aimée et rassurée par les hommes, ces derniers ne voyant en elle que Marilyn Monroe. Hollywood, ce miroir aux alouettes, cette machine à broyer de l’être humain, lui a donné son statue d’icône glamour sans jamais voir son potentiel d’actrice. A peine effleuré dans des productions comme « Troublez-moi ce soir » ou « Les désaxés ». Sa seule porte de sortie aurait été de partir pour New York, jouer dans des pièces de théâtres de Broadway. Son suicide supposé à 36 ans (l’auteure sûrement pour sa teneur romanesque et dramatique a choisi l’hypothèse de l’assassinat politique) a privé le monde d’une comédienne de talents mais l’a transformé en icône glamour éternelle. Respectant le fameux et triste adage « Mourir jeune et laisser un beau corps ».

Defi 2024 relevé 💪 Je lis cette auteure talentueuse depuis longtemps, je me devais donc de lire son best-seller ! 1110 pages de JCO forcément ça fait peur et on se doute qu'il va y avoir des longueurs 😄 On ne va pas se mentir certains passages sont en effet laborieux mais paradoxalement d'autres sont passionnants donc j'ai été malgré tout prise par l'histoire jusqu'à la fin. Blonde n'est pas une biographie, JCO s'est appuyée sur des faits réels mais c'est "une vie" distillée sous forme de fiction. Une lecture dure et glauque qui dépeint une Marylin bien loin des paillettes et du glamour ... Marilyn (Norma Jeane Mortenson) est placée en orphelinat. (JCO s'est cantonnée à un orphelinat et une famille d'accueil mais quand on regarde sur internet on découvre que Marilyn a en réalité connu plusieurs orphelinats et pas moins de 11 familles d'accueil et qu'elle a été violée à l'âge de 8 ans par le locataire de sa tutrice 😱) On comprend sa fragilité psychologique... Née de père inconnu, une mère internée, distante, droguée, alcoolique et schizophrène, elle sera en éternelle quête de reconnaissance et d'amour. Après des débuts peu glorieux, son corps de rêve et son immense talent la propulsent dans la lumière mais derrière le mythe, des vautours sans scrupule tirent les ficelles, la manipulent et la façonnent pour en faire un objet de convoitise qui leur rapporte gros, bien plus qu'à elle ! Sois belle et tais-toi ! Marilyn est réduite à un corps alors que sa tête est pourtant bien pleine. Une personnalité complexe qui toute sa vie se cherchera et recherchera un père à travers ses amants. Problèmes médicaux, avortements, addictions, tentatives de suicide, elle entame une lente descente aux enfers ... Une étoile filante dont la fin restera un mystère ... J'ai echangé avec @cellequiaimeleslivres que je remercie, tout comme moi elle a bien aimé et je suis raccord avec elle, on ressent une sensation désagréable et triste dans ce portrait. Comparativement mais dans un tout autre genre, il semblerait que "poussière blonde" donne une image plus touchante de Marilyn mais je vais attendre avant de le lire car j'ai beau m'appeler Maryline (grâce à Monroe 😉) ça fait beaucoup de Marilyn 😄📚

Comprendre enfin le mythe de la femme fatale ...

Raconter l histoire de Marylin Monroe sans tomber dans le fait divers sordide était un défi. 1000 pages a nous confronter à une personnalité qui lutte dans un monde d hommes qui souhaitent se grandir sur la banckable actrice et profiter de sa fragilité. Entrer dans ce roman fût long mais son intérêt grandit au fil des pages et interroge sur les conséquences d une éducation reçue pendant l’enfance sur la vie d adulte de la star. Être un sex symbol n’est pas de tout repos quand finalement, elle semble lutter pour être en accord avec sa personnalité et son statut de star non maîtrisée. Seule pendant son enfance, elle semble seule adulte à la fin.

Le livre commence par une mise en garde qui m'a d'abord déroutée "Blonde est une œuvre de fiction. [...] Il faut donc lire Blonde comme un roman et non comme une biographie de MM." C'est une photo de Marilyn à 17 ans qui serait à l'origine de cette biographie romancée, de cette vie rêvée, fantasmée. Norma Jean Baker n'était pas blonde, était-elle d'ailleurs Marilyn ? Joyce Carol Oates interroge ici la métamorphose de cette pin up brune en un sexe symbol blond platine. Chapitre après chapitre différentes voix nous racontent Marilyn chronologiquement, sa vie de star, sa carrière éblouissante et fulgurante, et sa vie intime de femme enfant, quasi orpheline, blessée, névrosée, avide de reconnaissance. Bien sûr on garde en tête que toute ressemblance, etc. Tout est inventé, tout sonne juste. On ne peut qu'être troublé, ému, par moment horrifié. Marilyn est un pur produit d'Hollywood, façonnée par la gente masculine, sa blondeur péroxydée, son visage poudré, maquillé, ses robes cousues sur elle pour mieux épouser ses formes généreuses affolantes. Jusqu'à son nom imaginé par quelques producteurs libidineux. Durant les mille pages, les deux personnages, Norma et Marilyn, alternent dans une odyssée hallucinante où Hollywood est l'incarnation de cette machine à rêves qui broie la singularité de cette jeune femme hypersensible, cultivée et intelligente, pour modeler la femme objet, la désincarner jusqu'à la nausée et la mener jusqu'à sa fin tragique. Les hommes n'en ressortent pas grandis, même JFK est salement amoché. Une œuvre monumentale, chorale, un ovni bouleversant sur l'emprise du système hollywoodien qui fait du corps des femmes un consommable, et qui résonne singulièrement au lendemain des César. Toutes les petites filles ne rebondissent pas.