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Résumé
Dernière intervention de la nuit, premier mort du matin. Dans le hangar des établissements Martinez, froidement éclairé par les néons, l'homme pend à plus de deux mètres de hauteur, en chemise de pyjama et chaussures de ville, le sexe et les jambes nus. - Pas d'obstacle, docteur ? - Non, pas d'obstacle... Il me reste seulement à lui croquer le gros orteil pour être sûr qu'il est bien mort... Médecin généraliste, Marcel côtoie avec une folle énergie la faune urbaine dans toute sa diversité... Presque sans le vouloir, il va se retrouver au milieu d'une enquête étrange, voire sanglante, qui mêle Harpies grecques et rites vaudous africains. Dès le départ, une question l'obsède : quel est le lien entre l'albinos pendu et la disparition de son ami Youssef ? - Pas d'obstacle, docteur ? Cette phrase, qui m'a été adressée par plus d'une centaine de policiers depuis que je suis « thèse » - à chaque décès un tant soit peu inattendu -, c'est comme si je l'entendais pour la première fois. Ma répulsion face à l'examen approfondi d'un cadavre est probablement la seule raison de mon empressement à signer l'impitoyable papier bleu... Tous ces corps « déshabités » qui jalonnent mon parcours professionnel ne m'ont pas débarrassé d'un frisson d'horreur devant la mort. Parce qu'il n'y a pas de place pour un quelconque dieu dans ma philosophie personnelle, je suis allé chercher dans la médecine la confrontation avec une interrogation universelle : l'angoisse devant l'arrêt imminent du souffle de vie. Lutter contre le vertige en contemplant le vide... Ce n 'est pas gagné. Après trente ans d'activité, la nausée est toujours là. Aujourd'hui, je viens de comprendre qu'il me faut faire un pas déplus vers l'abîme. Regarder plus attentivement les corps inertes et blafards malgré leur aspect parfois rebutant. Les palper malgré leur froideur. Les retourner et sonder leurs orifices malgré leur odeur. Pour participer, à mon modeste niveau, à un rôle que je ne découvre que maintenant : tenter défaire obstacle à ceux qui répandent la mort.