Alienés

Un thriller scientifique érudit, palpitant et intense entre la Terre et l'espace. Fabrice PAPILLON nous propose une intrigue osée et folle, il réussit à remettre en cause nos certitudes, à s'interroger et à douter. Renversant et habile ! J'ai adoré ! A découvrir absolument Bonne lecture, Céline

On le savait scientifique, capable de rendre la science accessible et passionnante, doué pour l’Histoire et les allers-retours dans le temps jouant avec différentes temporalités, on le supposait féministe tant il avait formidablement bien développé son propos dans « Le dernier Hyver », on connaissait ses préoccupations écologistes narrées dans « Régression ». Le voilà dans un nouveau registre notre grand Papillon qui pollinise le paysage littéraire français : le récit d’anticipation. « ALIENés » est un thriller qui associe roman policier, roman historique ET effets spéciaux cinématographiques. Certains y verront un James Bond à ses meilleures heures, j’y vois plutôt un Bourne capable de changer de lieu comme il change de flingue. « ALIENés » est mené tambour battant, de la première à la dernière ligne, avec des scènes dignes des meilleurs films d’action. L’action se situe en 2022. Deux lieux (pour commencer), deux meurtres, deux personnages centraux. La station spatiale internationale et « les arêtes de poissons de Lyon », le cadavre d’un astronaute et celui d’un chercheur tous deux éviscérés, Louise Vernay sur terre et Ethan Miller dans les airs pour mener l’enquête. Autant vous dire qu’un cadavre dans l’ISS c’est assez improbable, mais celui situé dans les profondeurs de Lyon, aussi. Louise Vernay est le genre de femme brut de décoffrage, elle n’a pas sa langue dans sa poche, jure comme un charretier, fume des pétards, boit comme un trou, occupe ses rares soirées à « binge-watcher » des séries Netflix jusqu’à l’écœurement. Ethan Miller a le charme discret et suranné anglais, de la distinction, de l’ambition, des armes secrètes pour accélérer sa carrière, une obéissance toute militaire, un savoir-être « so british ». La rencontre de ces deux-là, c’est du bonheur en barre à regarder. Deux personnages bien ancrés dans leur époque, aux références culturelles différentes, mais finalement complémentaires et aux buts communs : démêler coûte que coûte cet imbroglio dans lequel ils sont tombés. Qui a fait le coup ? Il ne s’agit pas ici d’un simple divertissement, même si divertissement il y a. Si vous connaissez un peu les œuvres précédentes de Fabrice Papillon, vous savez bien qu’il y a toujours un message sur lequel il souhaite nous interpeller. Pour ce faire, il a introduit dans « ALIENés » des personnages célèbres et emblématiques qui existent vraiment, dans la « vraie vie ». Ce choix narratif permet de plonger le lecteur dans une réalité qu’il connaît, d’apporter du poids et de la crédibilité à son histoire. En choisissant l’alternance de lieux, il apporte du rythme. Mais l’essentiel est ailleurs… David Vincent sort de ce corps ! Qui a pu tuer cet astronaute de la plus horrible des façons ? Toutes les hypothèses sont ouvertes, y compris celle de la présence dans l’espace d’une autre forme d’humanité… La probabilité d’être seuls dans l’univers s’amenuise pendant que l’auteur, lui, s’éclate à ouvrir le champ des possibles en menant de front plusieurs enquêtes, dans différents lieux, de la Californie au Yucatan, du 444 Ocampo Drive ancienne résidence de Henry Miller (Plexus, Nexus, Sexus, Tropique du cancer et Tropique du Capricorne, je voyage dans mes années de fac) à l’Agua Dulce, un cénote magnifique situé hors des sentiers battus. Mais où veut donc nous emmener Fabrice Papillon ? Et pourquoi ce titre, « ALIENés » ? Vous le comprendrez bien assez vite… à coup d’explications vulgarisées sur un procédé parfaitement bâti qui fonctionne admirablement bien. Et toute la petite fourmilière humaine se précipite allègrement dans ce piège tendu à dessein. Pour être baignée depuis plusieurs années dans l’imagination des futurs visionnaires de ce monde, par l’intermédiaire de la voiture autonome, j’en viens à me demander où s’arrêteront les idéaux de ces savants fous. Ce fut exactement ma pensée en refermant « ALIENés ». De quand date cet abandon de notre réelle liberté, ce renoncement à nos jardins secrets, cette capitulation face aux sirènes d’être vus et entendus ? comment avons-nous pu donner aussi facilement nos accords tacites ? En attendant, n’oubliez pas : une question ? Google. Un appel FaceTime ? Apple. Une humeur ? Facebook. Un besoin quelconque ? Amazon. De l’ennui ? Netflix. Une location ? AirB&B. Un déplacement ? Uber. Dans l’intervalle, lisez « ALIENés », parce que c’est rythmé, cinématographique, addictif, et intelligent et que « L’intelligence on croit toujours en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’on juge. » Coluche

Review : Brillant. Ce thriller est complexe, tordu, mais brillant. Le vocabulaire et la masse d'informations par phrase et par page est conséquent, et on retrouve des dizaines de référence scientifiques, théologiques et quantiques, dignes d'un roman de Dan Brown ! Parfois, c'est même presque trop, parce que si on est tenus en haleine au départ par les nombreuses références, je trouve que rapidement on se dit que les personnages ne feraient jamais ça dans la vraie vie, et on perd peut-être en réalisme, dans le sens où, oui, les GAFA et les États-Unis de manière générale ainsi que les forces militaires, détiennent un pouvoir qu'il n'est pas possible d'imaginer à notre échelle d'individu, mais les fuites et courses poursuites impossibles me semblent complètement farfelues. Cependant, il faut un certain génie et acquérir des connaissances en nombre astronomique pour écrire une histoire pareille, et j'admire cet auteur pour ça, rien qu'avec ce premier roman. C'est en ce sens l'un des thriller les plus complexes que j'aie lu, et qu'il soit malgré tout si bien me fait oublier la personnalité détestable du personnage principal, Louise Vernay. Résumé : Mai 2022. À 400 kilomètres de la terre, la station spatiale internationale sombre dans la nuit artificielle. Tandis que l'équipage dort, le cadavre éventré d'un astronaute américain (Bob Jenkins) flotte en impesanteur dans l'un des modules de recherche. Le même jour, à Lyon, le corps éviscéré d'un biologiste américain est retrouvé à 30 mètres de profondeur, dans un mystérieux réseau de galeries souterraines baptisé les "arêtes de poisson". S'engage une double enquête, d'abord internationale avec la NASA, aux États-Unis, pour tenter d'élucider un meurtre inédit dans l'histoire : celui d'un astronaute dans l'espace. À Lyon, Louise Vernay, commandant de la brigade criminelle, fait rapidement le rapprochement entre les deux assassinats, très semblables et synchrones, l'un dans l'espace, l'autre sous terre... Qu'est-ce qui les relie ? Pour quelle raison ces deux Américains ont-ils été visés ? Comment ont-ils pu être éliminés au même moment, à une telle distance ? Louise fait rapidement la rencontre d'un étonnant moine jésuite, astrophysicien et directeur de l'observatoire du Vatican, de passage à Lyon et qui avait rendez-vous avec la victime. Ce personnage troublant lui laisse entendre que des signes d'une présence extraterrestre se multiplient, et qu'ils pourraient bien être à l'origine de ces deux meurtres... Éthan Miller, un astronaute Britannique resté sur Terre, est envoyé dans l'ISS pour récupérer le corps de Jenkins et ramener des prélèvements, mais la navette de retour prend feu. Il saute en parachute à 40km mais en ressort vivant. De son côté, Vernay fait scandale en se faisant passer pour une enquêtrice avec le FBI (alors qu'elle n'est qu'élève commissaire) pour obtenir des informations de l'armée, et d'un laboratoire de recherche haute sécurité (P4) avec des virus de grade 4 très pathogènes. Elle est donc envoyée aux USA après avoir menacé le personnel. Là-bas, le FBI et le LAPD lui interdisent de dire qu'elle bosse avec eux, mais elle n'en fait qu'à sa tête. Un journaliste lui donne l'adresse d'Éthan, qui s'enfuit avec elle. Il avait gardé un échantillon du sang de Jenkins, qu'il fait analyser par un génie biologiste dans son garage, qui révèle l'existence d'un ADN à huit bases. Miller et Vernay parcoure la Silicon Valley et interroge les collègues de Tony Jermal et Jean Myrtol à Google, au SETI et autres... S'ensuit une course poursuite. À Los Angeles, ils se font tirer dessus par un drône missile, mais en réchappent. Puis ils échappent à pied à un barrage de Police, sont sauvés par le journaliste, qu'ils abandonnent en chemin, et Miller ouvre un souterrain créé par Musk sous Los Angeles pour désencombrer les rues. Musk les attend, et les aide à s'enfuir au Vatican, où Louise donne le second cahier de recherche que le jésuite Lupo voulait récupérer, ayant lui-même récupérer celui de Jermal en le trouvant mort dans les souterrains de Lyon. Vernay et Miller sont dénoncés et capturés par le FBI, emmenés dans un cellule où, par la ruse, Miller envoit une requête à quelqu'un par mail, et réussit à s'échapper avec Louise en prenant une infirmière en otage puis en volant un F16. Après une course poursuite aérienne entre les USA et le Mexique, ils atterrissent sur le porte avion Queen Elizabeth du prince William, avec qui Miller est ami depuis l'enfance. Ils sont ensuite envoyés chacun dans deux hôpitaux différents, lui en Angleterre, elle à Paris. C'est là qu'on découvre la virulence du H8, que Vernay et Miller sont gravement touchés, que d'autres commencent à être contaminés. Mais Miller part en Russie, car il était de mèche avec les Russes, où on lui apprend que le virus viendrait d'une entreprise japonaise, mais dirigés par les américains. Miller est envoyé dans l'espace sur un capsule Russe. Google s'est donc adonné à de la xénobiologie, biologie "étrangère", comme l'ont confirmé les chercheurs du P4 à Lyon. Le problème est que ces organismes, qui emmagasinent bien plus d'information génétique que notre ADN terrestre, se reproduisent bien plus vite (chaque cellule se dédouble en 1 minute, soit 60 nouvelles générations en un heure) et finissent par remplacer nos bactéries commensales (celles présentent naturellement dans notre organisme, dont l'estomac). Tahiri, l'adjoint en France de Vernay, a également découvert que Tony Jermal et Jean Myrtol, les pseudos des chercheurs américains retrouvés morts, étaient tous deux des anagrammes de YLEM TROJAN. YLEM est le nom donné par Aristote à la substance fondamentale d'où procédait toute matière. Ce terme a été repris au XXe siècle par le physicien Gorge Gamow pour désigner l’œuf primordial, la gouttelette de matière condensée qui, d'après le chanoine Georges Lemaître, aurait donné naissance à l'univers. Tony et Jean avaient, comme le moine défenestré, la lubie d'un lien entre leur alien à une cellule et les origines de l'univers. Le commencement, le big bang, YLEM, est le point de départ de tout, avant les atomes, comme une sorte de cinquième élément parfait, le souffle originel à l'origine de toute chose. Quant à TROJAN, c'est le terme anglais pour Troie, puisqu'ils ont créé un organisme capable d'infecter les entrailles, mais également le cerveau, et d'aliéner la population. Louise visite alors le laboratoire P4, et peut voir les cultures d'Hachimoji, qui forment des tâches en forme de dodécaèdre, polyèdre à trente arêtes, douze faces et vingt sommets, polyèdre qui, selon Platon, serait le cinquième élément qui représente le tout, l'univers, et ce qu'Aristote appelait l'éther, la matière censée remplir tout l'espace entre les étoiles. De son côté, Éthan, retourné dans l'espace sur une fusée russe pour sauver les 3 astronautes restées sur l'ISS et prélever un échantillon qui pourrait être un antidote, place son échantillon dans un coin caché de la navette, puis se laisse dérivé et mourir dans l'espace pour ne pas contaminer plus de personnes sur Terre, avec une dernière pensée pour la "femme de sa vie", Louise, avant de mourir. De chagrin en apprenant la nouvelle de la mort de Miller, Louise plonge dans le coma, et en commençant à se réveiller, entend que l'agent H8 sort bien des laboratoires de Google. En se réveillant, elle apprend qu'Éthan l'a sauvée en ramenant une forme d'antidote/antibiotique sur Terre, qu'on teste sur elle. Cet antidote comporte huit bases, comme le Hachimoji, et a été amplifié au P4 avant de le tester sur Louise. Vernay menace de tout révéler, mais le docteur lui interdit formellement, car c'est un secret défense. Bob Jenkins, l'astronaute américain mort, Tony et Jean travaillaient pour la NASA, mais aussi pour Google (dans un de leurs labos ultrasecrets, Calico, un département de X Developpement) , et ont eu accès aux recherches menées par l'une de leurs équipes au Ames Research Center, dans la Silicon Valley. Ces qualités intéressaient les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber). Elon Musk a ainsi participé à la tentative d'élimination de toute preuve, y compris saboter sa propre capsule Crew Dragon qui devait ramener Miller et le corps de Bob Jenkins sur Terre. La médecin dit même à Vernay que ce n'est peut-être pas Federico Lupo mais Musk qui les a dénoncés au laboratoire du Vatican, et Facebook a publié des fakes sur Vernay et Miller pour ne pas qu'on sache que les GAFAM avaient joué aux apprentis sorciers avec un organisme incontrôlable, le but étant d'aliéner un maximum de la population. D'après les Russes, le hachimoji comporterait des séquences du parasite de la toxoplasmose, celles qui pousseraient à commettre des actes insensés. Et comme ils possèdent un pouvoir, une influence, plus grande même que celle de chefs d'État, ils pouvaient aisément corrompre la population. Dans l'épilogue, un conseiller du Président Biden attend les ordres, et il reçoit celui de "lancer la phase 4". Ils ont couvert Google, et ainsi se répand la théorie "alien" plus vite encore. Le Président affirme finalement qu'ils doivent coloniser Mars afin de trouver une porte de sortie quand la Terre sera devenue définitivement invivable.

Un polar aux multiples facettes ! Un mélange entre James Bond et le Da Vinci Code. Aucun temps mort. Une lecture passionnante et différente qui m’a apprise pleins de choses sur la biologie, les sciences, sur la conquête spatiale… Moi qui suis une vraie bille sur ces domaines j’ai réussi a comprendre et à suivre. L’auteur est un vulgarisateur hors pair ! Je me suis également régalée avec le personnage de Louise une emmerdeuse comme on en fait plus et une fliquette atypique. Enfin c’est une vraie réflexion sur la place prépondérante des GAFA dans le monde…

Ce livre est récent et prend en compte l'actualité ce qui est super. J'ai beaucoup aimé le côté scientifique de la lecture. Il fait grandement réfléchir. Les personnages sont attachants et ont une grande personnalité. Je conseille vivement ce roman.