Un bonheur insoutenable

Wikipedia annonce que ce roman de Ira Levin (l'auteur de Rosemary's baby) est moins réussi que 1984 de Georges Orwell. Peu importe, je l'ai dévoré en un jour! 1984 est suffocant d'emblée, dès les premières pages. Ici, l'oppression imprègne l'intrigue progressivement, presque insidieusement. Le suspens et l'effroi sont au rendez-vous dans cette dystopie glaçante de justesse où l'ennemi se dérobe sous une multitude de masques comme dans les meilleurs romans de science-fiction. Ce livre va me hanter. Ira Levin est décidément un auteur de talent.

Il est écrit que cette dystopie est moins réussi que 1984 de G. Orwell, je suis loin d'être d'accord. Je me suis laissé entraîné dans cet univers qui se veut pacifiste, où la contrainte et les interdits ne sont pas perceptibles. Je trouve qu'on se focalise moins sur l'anticipation de la société et leur dérivés (comme dans 1984 ou le meilleur des mondes) et davantage sur la façon de s'en sortir. Cette épopée m'a emporté, celle de Matou luttant entre sa curiosité d'un nouveau monde et la morale de Uni.

Une dystopie bien construite où tous les éléments sont réunis. Or je ne cautionne pas le traitement réservé aux personnages féminins qui m’a totalement gâché la lecture et a bien failli me faire abandonner. Malheureusement je n’arrive pas à passer outre malgré les qualités du récit.

Une dystopie qui laisse à voir un monde complètement uniformisé, jusque dans les moindres recoins de l’être et de l’intimité. L’histoire est bien menée et l’univers très bien maîtrisé. Sans être aussi brillant et visionnaire que 1984, cette œuvre est néanmoins très intéressante intéressante. plaisante.

J'ai aimé l'idée de départ : les personnages que nous suivons vivent sous le contrôle d'une instance 'bienveillante' qui les castrent chimiquement de tous désirs et volontés. Je n'ai pas aimé le personnage principal, Matou, et ça compte dans un récit qui repose uniquement sur la trajectoire de cet individu qui, dès le départ, n'est pas comme les autres. Le personnage de Matou manque de profondeur et selon moi il ne cadre pas avec l'idée que l'on peut se faire d'un héros de dystopie. Matou n'a pas de plan, il n'a pas l'étoffe d'un révolutionnaire ou d'un dissident. Bien sûr, il y a aussi ces relents fétides de masculinisme (apologie du viol- scène abjecte qui annule le propos même de la dystopie-, absence de personnage féminin intéressant-et ça, ça aurait été de la vraie anticipation-, obsession de l'auteur pour le corps des femmes et leurs seins en particulier) . Je ne perds pas de vue que ce roman fut publié en 1969, pour autant certaines dystopies n'ont pas aussi mal vieilli qu' Un Bonheur Insoutenable.