Le salaire de la peur

Le chômage, la misère et la famine se sont installés dans ce dépotoir du littoral Pacifique. Un trou sordide et malsain peuplé d'aventuriers et d'alcooliques, avec, au loin, les champs pétrolifères du Guatemala. Rongés par les fièvres, l'ennui et les drogues, ils attendent, cherchant une improbable porte de sortie. Leur choix est simple : partir ou crever. "On embauche excellents chauffeurs de camion. Travail dangereux. Hauts salaires. S'adresser au bureau." "Gérard, je t'en supplie, n'y va pas. - Tu es folle. Voyons, j'en ai fait bien d'autres. Ca ne te dit rien d'être riche ? de t'en aller de ce bled de mort ?" Commence alors, avec ce tank chargé de nitroglycérine lancé sur la piste impraticable, cette épopée de l'angoisse pure et de l'absurde immortalisée par le film de Clouzot. Dans ce combat tragique, sous la loi cruelle de la survie, Georges Arnaud nous montre l'être humain dans sa plus grande nudité morale, celle de la peur et de la mort imminente.