La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
Les damnés de la terre a été, dès sa parution en 1961, un livre culte. Porté par l'opposition à la guerre d'Algérie, par la contestation d'un système colonial déjà moribond, par l'exaltation de la lutte armée tout juste confortée par la victoire à Cuba des rebelles castristes, prônant un tiers-monde révolutionnaire, couronné par la préface d'un Sartre alors au zénith de son influence et de sa gloire, ce livre se répandit comme une traînée de poudre. Vendu à des centaines de milliers d'exemplaires en français comme en anglais, traduit dans une quinzaine d'autres langues, il véhicule des thèmes - qu'ils soient concrets comme la description de l'aliénation du colonisé ou mythiques comme le caractère salvateur de la violence et la perspective pour le tiers-monde révolutionnaire de créer un homme nouveau - qui enthousiasment et mobilisent de larges fractions de la jeunesse. Pendant une quinzaine d'années, de façon directe ou indirecte, l'influence de Fanon se fait sentir en Europe occidentale, aux Etats-Unis, notamment parmi les Noirs américains, en Amérique latine, en Afrique, au Proche-Orient. Classique de l'empreinte coloniale sur la conscience du colonisé et d'un messianisme tricontinental, Les damnés de la terre a davantage contribué à liquider dans les esprits l'époque de la domination physique des Blancs qu'à > comme l'espérait Fanon. Fossoyeur de la mentalité impériale, Frantz Fanon aura aussi été le chantre d'une utopie stimulante. Relire aujourd'hui ce texte, c'est mieux comprendre les espoirs et les impasses d'un tiers-monde dont les problèmes seront ceux du XXIe siècle.