Le fils de Pan

Dori a imaginé Michael Jackson en divinité Grecque, mais le plus irréaliste c’est qu’il reste pendant 230 pages avec un enfant et qu’il n’y touche même pas

Injuste. Arbitraire. Déloyal. Immérité. Parfois on ne trouve pas les mots pour décrire ce qui nous est imposé, et par conséquent ce que l’on doit porter, faire ou défaire puis accepter. Car tout n’est pas forcément à notre main mais si l’injustice n’est pas une fin en soi. C’est même parfois un vecteur de courage et de résilience. Puisque ce n’est pas juste, il n’y a pas à s’y soumettre. Dans « Le fils de Pan » on retrouve Eustis, et pas vraiment là où on l’avait laissé, même si dans l’univers onirique de Fabrizio Dori, ce n’est pas une réelle surprise. Il est de nouveau en recherche d’une issue, et cette fois, les dieux l’ont doté d’une charge d’âme, fardeau bien encombrant lorsqu’on a pour unique but de vivre sans se soucier du lendemain. Alors la colère le rattrape, il cherche et trouve des sentiers alternatifs, pour assumer la charge sans vraiment y répondre, sans se questionner sur le sens à y donner. Comme dans Le dieux vagabond il va passer par différents lieux, différentes épreuves, discuter, fuir, réagir, s’appuyer sur les autres, ou les tromper, se laisser aller puis repartir du bon pied… ça va vite, c’est volontairement déconnecté de sorte à ce que l’on puisse perdre un peu le fil et être rattrapé au vol dès lors que Dori a décidé de nous faire toucher terre avec ses métaphores sur notre société et nos comportements. C’est toujours sublime dans les traits et bariolés de milles essences qui nous font un peu tourner la tête. Peut être qu’il y a un sens à tout, même à l’injustice quand elle se met en travers de nos routes. On peut crier, taper, enrager, s’écorcher mais il ne faut pas douter. L’évidence ressortira toujours, même cabossée, et alors on fera comme Pan et ses dieux, on en profitera jusqu’à la lie.