La promesse

« La Promesse » nous plonge dans l’histoire d’une famille protestante sud-africaine par le prisme original des enterrements successifs de quatre de ses membres. Sur une trentaine d’années, on suit ainsi une famille en proie aux incompréhensions, aux déchirements, à la difficulté d’être soi avec les siens. Astride, Anton, Amor sont trois frère et soeurs que tout semble opposer : ce n’est qu’en rentrant dans l’intimité de leur conscience qu’on entend leurs failles, leurs blessures, leur manière instinctive de réagir face aux affres des événements historiques. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Amor, la soeur cadette, « l’originale de la famille » qui, se révèle au cours du roman d’une pugnacité exemplaire pour faire respecter la promesse faite par sa mère à Salomé… J’ai adoré l’arrière plan historique : l’apartheid jusqu’à la démission du président Jacob Zuma pour corruption, en passant par l’élection de Nelson Mandela. Enfin, les discursions narratives m’ont fait parfois beaucoup sourire ! C’est la touche d’humour qui apporte un peu de légèreté dans ce récit intense. Le roman en 4 citations « Amor a treize ans, elle n’a pas encore été rattrapée par l’histoire. Elle ignore tout du pays dans lequel elle vit. Elle a vu des Noirs fuir la police parce qu’ils n’avaient pas leur passeport intérieur, elle a entendu les adultes évoquer à voix basse, avec insistance, des émeutes dans les townships… pourtant elle ne sait toujours pas dans quel pays elle vit. » « Le retour du fils prodigue, tout le monde connaît la pièce. L’ennui s’installe rapidement. Vous émergez après une longue disparition et la surface se referme comme si vous n’étiez jamais parti. Les sables mouvants familiaux. « Le réseau électrique tombe en ruine, faute d’entretien, de moyens, les amis du Président se sont enfuis avec l’argent. » « Son mari, l’adorable criminel de guerre, est venu lui, aussi, mais la démence a évolué rapidement, ces six derniers mois, et il cligne des yeux avec bienveillance en regardant autour de lui, sans comprendre où il se trouve. »

Très bon livre , avec un style particulier car l auteur nous interpelle parfois , le ton est réaliste mais aussi léger ou ironique. Il faut dire que la famille de la défunte est compliquée. Très bonne lecture .

Magistral roman choral ! Cela se passe en Afrique du Sud, dans une famille blanche qui possède une grande ferme dans le veld. La promesse : c’est celle que fait le mari de Rachel à l’heure de la mort de son épouse, en l’occurrence donner à Salomé, leur vieille servante noire, la petite maison dans laquelle elle vit depuis toujours. Ce sujet divise toute la famille. J’ai aimé cette écriture et donc cette traduction. J’ai aimé l’humanité des personnages, leurs travers et leurs qualités. J’ai aimé la tendresse et la proximité qu’utilise l’auteur pour raconter leur histoire. Un très beau roman. Que l’on verrait très bien adapté au théâtre !

Lauréat du Booker Prize 2021, La promesse est un roman aussi magnifique dans le fond que dans la forme. Que vaut une promesse faite à une femme sur son lit de mort ? Quelle est la valeur de ces mots ? La valeur de n’importe quel mot ? La fille de Rachel, Amor, l’a entendue cette promesse faite par Pa à sa femme: donner, enfin, à Salomé, leur domestique noire, la maison dans laquelle elle vit sur leur propriété depuis des années. Mais lorsqu’Amor affronte le patriarche pour la lui rappeler, ce dernier la rejette en bloc. Que valent les mots d’une enfant ? Ont-ils réellement été prononcés ? Y avait-il d’autres témoins ? Alors que l’apartheid fait rage en Afrique du Sud, cette promesse est vue d’un mauvais œil par le clan familial et, sitôt Rachel enterrée, c’est toute une famille qui se déchire en silence. Les années passent, les temps changent, les membres du clan vieillissent mais ne changent pas. Et alors que la promesse plane toujours et que les liens familiaux se sont étiolés, le domaine s’effrite et la valeur des terres décline. Pourtant, Salomé est toujours là. Dans cette bicoque que nul membre de la famille ne daignerait habiter… mais que personne n’accepte de lui céder. Personne sauf Amor, qui, malgré les années, garde cet objectif en tête. Tenir cette promesse. Accéder à la dernière volonté de sa mère. Au fil des pages, les liens entre les protagonistes pourrissent et meurent. Tout se décompose, laissant une odeur putride et malsaine s’échapper d’entre les pages. Pourtant, il y a de la lumière dans ce texte. Un éclat qui laisse présager des jours meilleurs, qui nous fait dire que tout n’est pas perdu, qu’il peut y avoir beaucoup d’humanité dans ce bas monde. Grâce à un style narratif maîtrisé à la perfection, Damien Galgut interroge la valeur des mots tant qu’ils ne sont pas posés sur le papier. Si rien n’est écrit, alors tout s’efface. Dès lors, encore plus que jamais, la littérature est une nécessité. Roman brillant à l’intelligence rare, "La promesse" est de ces récits que l’on n’oublie pas et qui nous habitent longtemps, encore, après notre lecture.

Quatre chapitres, quatre enterrements et une promesse. C’est l’histoire d’une famille protestante de fermiers de Pretoria de la fin de l’apartheid à nos jours. Une histoire d’une famille certes, mais aussi celle d’une nation, l’Afrique du Sud, qui n’a pas tenu sa promesse. Avec une écriture subtile et un amour pour ses personnages, Damon Galgut dessine le destin d’une famille déchirée. Tout commence par la mort de Rachel, la mère. Elle qui avait fait promettre à son mari de léguer la maison à Salomé, la servante noire de la famille. Seule Amor, une des filles, est témoin, et c’est bien la seule qui va s’entêter à respecter le vœux de sa mère. Mais tout n’est pas si simple dans un pays où Mandela passe du statut de prisonnier à celui de président, alors que les inégalités persévèrent, où la violence et les trahisons règnent. Rien n’est simple. Comme le pays, la famille est tourmentée. Au décès de Rachel, s’ajoute l’antisémitisme de Manie, le mari, et de la tante Marina, car elle a fait le vœux d’être enterrée dans les rites de sa religion juive. Le mari, dompteur de serpents, ne tiendra pas la promesse. Amor s’obstine, elle qui préfère s’éloigner de sa famille pour soigner les malades du sida pendant que sa sœur Astrid aime faire grandir son statut social, et que son frère Anton, déserteur, sombre d’années en années sans réussir à terminer son roman. Je ne dévoile rien de plus. Je vous invite à lire ce merveilleux roman récompensé du Booker Prize. Le narrateur nous parle, il connaît tout des personnages, ne les juge pas, nous invite tendrement à rentrer dans cette famille, dans ce pays où les promesses ne demandent qu’à être tenues. Construit en choral, le roman enchaîne les histoires pour mieux dépeindre les caractères de chacun. Damon Galgut réussit à nous embarquer dans une œuvre grandiose où l’humanité n’a pas dit son dernier mot.