Il était une fois la guerre : thriller

Je n'avais pas encore découvert la plume d'Estelle Tharreau mais son précédent titre "La peine du bourreau" est dans ma PAL et j'en ai entendu beaucoup de bien. Ce nouveau titre est ni un polar ni un thriller mais plutôt un mix de roman noir  et de thriller psychologique. Car oui c'est vraiment tout le côté psychologique de la guerre qui est mis en avant. Il était une fois la guerre parce que ce récit est réellement l'histoire d'une guerre racontée par un reporter de guerre, ami du personnage principal, devenu son frère d'âme après les tragédies traversées « là-bas ».  C'est l'histoire d'une descente aux enfers, celle de Sébastien Braqui, soldat engagé pour assurer les convois logistiques au Shonga, pays imaginaire d'Afrique mais qui bien sûr nous rappelle certaines guerres bien réelles...  Au départ, en s'engageant, Sébastien Braqui pensait vivre une aventure, un dépaysement. "Mais quand on sait ce que sont les hommes et ce dont ils sont capables, les enchantements sont vite rattrapés par une réalité bien plus cruelle". Durant cette guerre il va assister à de nombreuses horreurs mais aussi en commettre, le transformant au fil du temps en un homme brisé. Dix-sept ans plus tard, il est devenu une bombe à retardement. « Le Shonga. Pas une guerre. Une malédiction. » Ca sera aussi la descente aux enfers dans sa vie personnelle puisque sa famille va se diluer, sans qu'il réagisse. A chacun de ses retours, traumatisé, il s'isole et refuse toute aide psychologique. « Ankylosé dans les horreurs vues et commises, la légèreté de la vie lui était devenue insupportable. Il s’était transformé en un fantôme irascible qui hantait l’appartement et leur vie. » Lorsqu' il devra subir, en prime, le rejet de ses compatriotes, lorsque sonnera l'heure de la défaite, ça sera la suite logique de sa déchéance. L'auteure nous plonge sans concession dans la vie de ce militaire brisé, où l'on assiste à sa chute inexorable et annoncée par la construction du récit que l'on sent d'ailleurs très documenté et à travers des mots percutants. Un roman marquant qui ne peut pas laisser indifférent.

J’ai découvert Estelle Tharreau avec le roman les Eaux noires qui m’avait bluffée par l’écriture et encore une fois avec un genre totalement nouveau, l’expérience est réussie : Coup de cœur. Le sujet est délicat : la Guerre Ici c’est l’histoire de Sébastien qui est racontée sur plusieurs années mais aussi celle de sa femme et de sa fille. Au fur et à mesure des missions, Sébastien revient de plus en plus détruit, jusqu’à tomber dans un trou noir sans fond. Comment remonter la pente après ce qu’il a vu, comment vivre une vie normale ? Sébastien subit tout le temps, il subit encore et encore les décisions prises en haut-lieu, il encaisse mais combien de temps parviendra t-il a encaisser ? Je n’ai pas de connaissances particulières sur l’univers des militaires et de leurs familles, tout ce que je sais, c’est que la séparation est plus ou moins longue, tout dépend des missions et je me doute bien que tout ce que les militaires vivent doit être difficile a affronter, doit marquer. Aussi laborieux pour eux que pour leur foyer qu’ils essaient de construire et de sauver tant bien que mal. Mais entre se douter, le lire et être immergé dans cet univers, ce n’est pas la même chose. Avec une écriture percutante Estelle Tharreau lève le voile, raconte, déballe tout avec des mots qui va frapper son lectorat, un uppercut qu’on finit par prendre au fil des pages. J’ai vraiment adoré la façon dont commence l’histoire et comment elle se termine. Une autrice à suivre impérativement !

Ici, nous suivons Sébastien Braqui qui est un soldat. Nous allons le suivre de sa première mission jusqu'à la fin. Et nous le suivons aussi bien dans son milieu professionnel que dans sa vie personnelle.  Ce roman n'est pas vraiment un thriller. Peut-être plutôt un roman noir. C'était un plaisir de retrouver la plume d'Estelle Tharreau. Ma lecture était fluide et j'ai trouvé la construction du roman bien amené. L'autrice commence par les début de Sébastien et nous emmène ensuite dans son présent, avec des retours en arrière.  Ce cheminement nous permet de mieux comprendre en quelques sortes la descente aux enfers de Sébastien. Mais également de sa femme Claire et leur fille.  On peut voir dans ce roman le quotidien difficile d'un soldat et le stress post-traumatique qui en découle. On suit également Sébastien dans le présent qui malgré les séquelles essaie de se réinsérer dans le civil. Il y a aussi l'incompréhension de sa femme. Beaucoup de non-dits et de choses passées sous silence qui ont fait exploser leur couple. Et toutes ces choses nous le découvrons jusqu'au bout du roman.  J'ai beaucoup aimé cette histoire. Elle est prenante psychologiquement. Un roman qui ne nous laisse pas indifférent encore plus j'imagine pour ceux qui connaissent assez mal le milieu. C'était vraiment percutant.