Grandville. Noël : une romance scientifique de l'inspecteur détective LeBrock de Scotland Yard

Comment pourrait-on faire pour que les choses évoluent sans forcement imposer des contraintes légales souvent compliquées à appliquer. Est-ce que mettre les oppresseurs dans la position des opprimés permettrait une prise de conscience et une évolution des comportements ? Irréalisable peut-être, mais on a la lecture pour y réfléchir et c'est déja un premier pas. Dans la serie "Grandville" tout est inversé. L'uchronie a changé les choses entre les états mais surtout entre les animaux et les hommes. Ces derniers sont minoritaires, appelés "pâtes à pain", exclus de toute forme de décision, vilipendés, méprisés, humiliés. Dans ce 4e tome ( le mieux de mon point de vue), Lebrock est de retour à Paris à la recherche d'une fillette hypnotisée par une secte. Comme toutes elle a son gourou ( une licorne blanche ) qui se lance en politique avec un programme nazi d'extermination des humains. Tout y est, le vocabulaire, la svastika, la fascination engendrée par le leader... L'enquête va ainsi vite dériver dans un champ politico-philosophique sur la différence, le genre, la religion. Ce qu'il y a de jouissif c'est que notre panda n'y va pas par quatre chemins et rentre franchement dans le lard de cette bande nazillarde. Bryan Talbot y insère énormément de clins d'oeil historiques ce qui donne à ce genre de fiction encore un peu plus de réalisme. Et puis on rit. Plus encore que dans les épisodes précédent. Devant le grotesque, les réflexions primaires ou les réactions impulsives… Alors forcément on se dit que ca pourrait être pas mal d'inverser quelques rôles chez nous aussi. Non pas pour leurs infliger la même souffrance mais parce qu'il y a des situations qui pourrait facilement se décanter. Ceux qui en ont marre du féminisme et de la "guerre faite aux hommes" pourrait rapidement changer d'avis si les mains baladeuses, réflexions humiliantes et inégalités sociales leurs étaient imposées au quotidien. On peut en tout cas en sourire en y pensant. Publié chez Delirium le 19 janvier, a lire dans la peau de l'autre.