Jamais je n'aurai 20 ans

Résilience. Si on peut penser qu'il s'agit principalement d'abnégation, c'est en fait surtout une capacité de résistance. Aux chocs d'abord lorsqu'on nous traumatise, aux faits ensuite lorsqu'il s'agit de ne les accepter que dans son cadre de tolérance, au désespoir enfin quand tout pourrait nous faire croire qu'on doit se contenter de ce qui nous contraint. Dans "Je n'aurai jamais 20 ans", Jaime Martín nous entraine dans la vie de ses grands parents, engagés Républicains face aux fascistes Espagnol en 36, obligés de reprendre le chemin de la vie après la défaite, obstinés à ne pas fléchir dans leurs convictions. De la prise des armes lorsque certains se résignent, aux combines de la débrouille quand la faim guette, Isabel et Jaime ne sont pas seulement des "engagés", ce sont des porteurs de vies, des empêcheurs de tourner en rond en s'apitoyant. Nous ne sommes pas ici dans l'histoire d'un combat contre le fascisme et l'immonde Franco, mais dans la vie simple de gens qui décident de ne pas baisser les bras face aux difficultés dans une Espagne bigote et déboussolée. Page après page, on accompagne cette famille répudiée dans ses tentatives de combler les besoins vitaux presque "égoïstement" afin de ne rien lâcher. C'est sublime de simplicité, de franchise et de convictions. Les dessins colorés sont toujours aussi bienvenus en modernisant, par leurs styles, les thématiques qui sont loin d'avoir disparues avec la mort de la bête. Résilience donc. Alors oui ce mot peut donner des boutons à certains, mais c'est qu'ils n'ont surement pas compris la beauté qui se cache derrière ceux qui en sont capables. Surement car ils doivent se targuer d'agir, de ne pas se laisser dicter les choses et donc de ne pas en avoir besoin. C'est au mieux dû à leurs suffisances, au pire à leurs stupidités. Il faut avoir du courage pour être résilient et comme le rappelle la définition c'est avant tout un acte de résistance, à encourager et a diffuser donc. Encore.