La place

Dans ce court récit, Annie Ernaux nous raconte son père et son rapport à lui, ses espoirs de vie, ses échecs, ses limites. Dans ce portrait très intime, on peut se retrouver à toutes les pages, on peut facilement comprendre tout ce qui est trop difficile à dire à ses proches, on peut être bouleversé par la vérité crue des sentiments et des faiblesses humaines. Bouleversé, je l’ai été. « Bientôt, je n’aurai plus rien à écrire. Je voudrais retarder les dernières pages, qu’elles soient toujours devant moi. Mais il n’est même plus possible de revenir trop loin en arrière, de retoucher ou d’ajouter des faits, ni même de me demander où était le bonheur. »

Ne voyez pas cela comme une critique personnelle mais je ne comprends pas la raison de son succès, au delà d’une écriture plate qui rend de mon point de vue le récit vide, l’ouvrage est cloisonnée à l’autobiographie de sa relation avec son père qui n’est pas des plus atypiques... Ce qui me rends dubitatif est qu’on en apprend très peu sur son ressentiment personnel, une vaste impression que ce n’est qu’une compilation de faits historiques. J’ai tout de même été touché par certaines phrases de son père. Finalement, j’ai eu le sentiment que j’avais meilleur intérêt à connaître l’histoire familiale d’un inconnu dans la rue ou simplement dialoguer et écouter ma famille, ce qui m’aurait plus apporté que ce livre. Alors oui je le conçois c’est un récit autobiographique donc je savais à quoi m’attendre, mais, des récits autobiographiques dont j’ai eu l’occasion de lire, il y avait un réel intérêt de fond et sentimental. Je m’engage tout de même à lire d’autres Ernaux pour me faire un avis plus objectif même si la volonté n’y est pas.

Annie on a le même daron

Conflit de loyauté, désir d'ascensionner, "trahir" ses origines pour réussir dans la mondanité, réussir sans parvenir à oublier tout ce qui fût, tout ce que nous avons été, tout ce que, désormais, nous ne serons plus jamais sans accepter de faire un pas de côté... Sentiment de honte, impression de manquer, soif des assoiffés, besoin de s'élever, de s'émanciper, s'éloigner sans rejeter...faire l'expérience violente de cet impossible entre-deux.

Un livre qui ne paye pas de mine avec un titre un peu flou mais qui prend tout son sens (ou devrais-je dire ses sens) tout au long du roman. L'écriture simple et plate d'Annie Ernaux est très agréable à lire et la fin du livre m'a énormément touché ! Une oeuvre que je conseille !