Caligula. Le malentendu

Albert Camus est tout simplement un génie et Caligula est, à mon humble avis, l'une des plus belles pièces jamais écrites. Certains passages sont tellement beaux, celui sur la lune m'a juste fait vibrer et je pourrais le lire en boucle pendant des heures. Caligula est une pièce qui explore la figure du tyran à travers un empereur despote. Face à l'horreur de la tyrannie,nous sommes lâches et nous aimons mieux vivre dans la lâcheté plutôt que de mourir en brave. La pièce a vue le jour en 44... dans une période sombre et funeste. Le "lâche" était donc celui qui fermait les yeux face à la barbarie du nazisme. La pièce est bien plus riche, il serait donc réducteur de ne la réduire qu'à ce qui vient d'être énoncé plus haut.

Ces deux pièces sont magnifiques et à la fois très sombres. On ressent le contexte des deux guerres mondiales qui marque l'écriture de Camus. Pour Caligula, Camus dira plus tard qu'il y a un Caligula en chacun de nous. La chute de la pièce le confirme : même mort, il reste bel et bien vivant (en tous, surtout ici en ceux qui se sont prêtés au crime). Ça permet de se rendre compte que le mal n'est pas inné, mais lié a un contexte qui le rend favorable. Si Caligula en est venu à exercer ses crimes, c'est que la situation lui a permis de le faire. En bref, c'est une œuvre bouleversante et beaucoup de passages sont marquants comme celui sur la Lune que j'ai trouvé très touchant et poétique ! C'est dans le malentendu surtout, que j'ai ressenti ce pessimisme d'après guerre. La chute de la pièce montre que rien, n'y personne ne peut sauver l'homme voué au malheur ("le vieux" est celui qui donne sens à toute cette œuvre). Cette lecture est plus divertissante même si le sujet reste lourd, et encore une fois c'est une très belle pièce 😊. Ce sont deux œuvres qui se lisent très bien et qui sont très bien écrites ! Je vous les recommande ^^

A la mort de sa sœur, l'empereur romain Caligula semble changé. Celui-ci passera, dès lors, son temps à prendre des décisions qui semblent incohérentes, et à assouvir ses moindres désirs, la plupart cruels, sans se soucier des conséquences. Ce personnage historique a-t-il sombré dans la folie ou sa prise de conscience après sa tragédie personnelle le fait-il avoir des comportements qui se veulent libertaires et pédagogiques ? Camus nous montre à nouveau son talent des mots et de son intérêt pour la philosophie. Cette pièce est une perle. À lire absolument.

Ces 2 pièces de théâtre qui, avec l'Étranger et le Mythe de Sisyphe (et d'après certains La Mort Heureuse) font partie intégrante du cycle de l'absurde de Camus. On ressent, dans les deux pièces, toute la nécessité de l'indifférence et on y trouve la rencontre avec l'absurde si chère à Camus. La première pièce, Caligula, est une ode à la démesure, à la jouissance gratuite. Caligula est conscient, ici, de toute l'absurdité de ces actes, et y répond justement par l'exacerbation. Le Malentendu, quant à lui, est plus complexe je trouve. Ici, la situation est absurde, et c'est plus dans le langage des personnages que l'on découvre l'absurde. J'ai personnellement moins apprécié le Malentendu, je le trouve un peu moins prenant et cohérent que le reste du cycle de l'absurde. Ces deux pièces restent cependant des pierres angulaires de la philosophie de Camus, et peuvent y faire une bonne entrée. Je les recommande vivement !

Camus nous signe ici 2 pièces de théâtre faisant partie de son cycle de l'absurde et qui touchent à la nature profonde de l'homme. Le thème de la solitude est présent autant dans Caligula que dans Le malentendu.