Une façon d'aimer

J’ai trouvé la construction du livre intéressante : à partir de quelques documents retrouvés chez sa tante la narratrice reconstitue l’histoire de sa tante à la fin des années 50 à Douala. Si l’auteur a voulu faire un livre à l’image de son héroïne, c’est réussi : belle tenue, belles descriptions, des sentiments à peine effleurés, peu de vribrations, un livre sage qui flirte vaguement avec l’interdit. Je me suis agréablement ennuyée….

J’ai beaucoup aimé ce portrait de femme en apparence rangée. Comment savoir ce qui se passe dans le coeur d’une femme ? Ce livre est empreint de douceur et de mélancolie. Le récit est mené par la nièce de l’héroïne, qui reconstitue une partie de l’histoire de Madeleine à partir d’objets, documents et photos laissés par sa tante après on décès, comme cette robe blanche avec des violettes par laquelle tout commença. Obligée de suivre son mari au Cameroun peu avant son indépendance, elle mène une vie ennuyeuse. Dominique Barbéris nous fait revivre l’ambiance coloniale, poisseuse, moite, languissante, bruyante, inquiétante. Madeleine est élégante, limite guindée, mystérieuse, silencieuse. Elle ne laisse pas transparaître ses émotions. C’est peut-être ce qui attire Yves, mi aventurier, mi espion, réputé coureur de jupons, charmeur. Mais un homme tout en retenu et tendre : il espère tous les soirs en fixant la porte d’entrée que Madeleine le rejoigne à l’Akwa Palace. Je trouve leur relation d’un romantisme fou, toute en délicatesse et sensibilité. Il y a un petit air de « Sur la route de Madison », avec cette atmosphère de sensualité, regrets et nostalgie.

Tout en finesse, ce récit nous met en harmonie avec cette Madeleine, tante du narrateur. Très belle description du colonialisme de cette époque, des évènements du Cameroun et de l’éducation des femmes de cette époque …cette femme peut nous rappeler notre mère ou notre grand mère !

Ce livre raconte et ne raconte pas. Tout un mystère enveloppe le personnage de Madeleine (très discrète et silencieuse) racontée par sa nièce au travers de lettres et de photos de l'époque coloniale. Ces souvenirs tentent de reconstituer les échanges et l'histoire de Madeleine dont sa rencontre avec Yves Prigent qui semble apparaître comme un des éléments central du livre. Pourtant, j'ai eu l'impression que ce roman restait en surface, survolait l'histoire de Madeleine et ne plantait que le décor autour du personnage. J'aurais aimé en savoir plus de Madeleine, pas seulement à travers ses tenues et ses prétendus dialogues vides mais aussi ses goûts et ses choix. Un personnage transparent en apparence avec de la nuance.

Un livre délicat, mais sans profondeur des sentiments. C'est en partant de photos que le roman va s'écrire, une ambiance d'expatriés avant le départ du Cameroun. Une femme désenchantée, qui s'ennuie., un amour sans espoir. Un livre sensible mais, composé de bons éléments mais sans vraiment beaucoup d'intérêt.