En fin de roman, la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture publie quelques mots concernant l'auteure, dont en voici un bref résumé : Mariam Petrosyan, après avoir dessiné les personnages qui allaient devenir les héros de son histoire, passa une dizaine d'années à écrire La Maison dans laquelle. Sans jamais avoir l'intention de le publier, elle finira par le prêter à des amis. Le roman passera de mains en mains pendant quinze ans avant d'atterrir sur le bureau d'un éditeur qui s'empressera de le publier. Mariam Petrosyan dira plus tard ressentir un terrible vide depuis que son histoire lui a échappé - son seul ouvrage publié à ce jour.
25 ans. L'histoire d'une vie. Alors comment, moi, est-ce que j'aurai pu n'y passer que quelque jours ? Je pouvais bien prendre mon temps.
Il serait très difficile de résumer ce roman choral foisonnant. Si c'était possible, l'expérience que représente sa lecture en serait gâchée. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, une expérience littéraire immersive où l'on perd la notion du temps, où les limites de l'imagination semblent être repoussées. La Maison, c'est un internat pour enfants handicapés. Et, comme le dit le petit Sauterelle à son arrivée, dans la citation précédente, il y en a pour tous les goûts. On trouve les roulants, des handicapés en fauteuil, mais aussi différents marcheurs ; des enfants sans bras, cabossés, difformes, boiteux ou mentalement limités.
À votre arrivée dans la bâtisse, on vous dégote un parrain ou une marraine, et un surnom vous est attribué. Que ce soit pour les élèves, les éducateurs (élan, Ralf le noir, Sheriff...) ou le directeur (Requin), tout le monde a droit au sien. La narration naviguant entre deux époques, c'est passionnant de voir l'évolution de ces surnoms
Dans cette attachante cours des miracles, chaque gamin fait partie d'un groupe ; les Faisans, réunissant des enfants sages et terriblement ennuyeux, les Chiens, les Rats, les Oiseaux ... et tous sont dirigés par un chef plus ou moins controversé, voire dangereux.
Cela va au-delà du coup de cœur. Peut-être aussi que cela va au-delà de la transition entre enfance et adolescence. La peur de grandir (cette peur du dehors), la mélancolie et l'insouciance peuvent faire écho en beaucoup d'entre nous. C'est rendu avec grâce et poésie, je me souviens page 132 d'une envolée de Chacal qui dura plus de deux pages, sans aucun point à la ligne ! Une tirade merveilleuse, à la hauteur de ce personnage passionnant. Il n'y a pas une grande histoire, mais ça en dit suffisamment. L'histoire, c'est juste de se laisser porter avec eux tous, vivre avec le groupe sans penser au départ, puis en y pensant de plus en plus. Eux, qui quittent la Maison, et nous qui refermons le livre. La plupart, ceux qui s'en sortent, quelle que soit la manière employée, ne seront plus jamais réunis sur un même lit à siroter du café préparé par le Macédonien. Nous non plus, nous ne les reverrons plus.
Après ce roman, il faut un sas de décompression. Je vais avoir du mal à passer à autre chose.
Alors que moi, tout ce que je veux, c'est trainer encore un peu dans ces couloirs. C'est boire un café à la Cafetière avec Sphinx, caler mon dos contre le mur de la chambre pendant La nuit des Contes, brosser les plumes de la corneille Nanette avec Bossu, collectionner des objets qui n'appartiennent à personne avec Chacal, déchiffrer les inscriptions mystérieuses sur les murs avec Lord pour savoir qui a gagné aux cartes la nuit précédente. Moi aussi, je voudrais que le mardi ce soit le jour du troc, et que Sirène m'offre un merveilleux chandail. Peut-être que je leur ferais lire cette chronique, je pense qu'elle plairait beaucoup à Chacal.
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Ninette
Magiquement et magnifiquement décrit c un énorme coup de ❤️ pour moi aussi à la fin j’ai pleuré en me disant merde c fini
Cela va au-delà du coup de cœur
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Ninette
Magiquement et magnifiquement décrit c un énorme coup de ❤️ pour moi aussi à la fin j’ai pleuré en me disant merde c fini
501 jours
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