Lecoindesmots- 23/08/2022

Saisissant ♥️

Décidément, Sandrine Collette excelle dans l’art de romancer les relations entre les Hommes et l’hostilité dont la nature sait faire preuve face à nous. Toujours grandiose, à jamais splendide, plus menacé que jamais et parfois meurtrier, voilà l’écrin de verdure dans lequel Liam s’est réfugié il y des années. Avec son épouse, Ava, et leur fils, Aru, ils vivent cachés mais heureux, jusqu’au jour où, en rentrant de la chasse, Liam découvre le corps inerte de sa femme. Alors qu’il pleure la perte d’Ava, il se rend bientôt compte que son mode de vie est incompatible avec le fait d’avoir un enfant à charge et se décide à la confier à une âme charitable. Commence alors pour le père et le fils un long voyage, rythmé par le pas des chevaux et les adversités offertes par une nature aussi luxuriante que dangereuse et écrasante. Plongé dans la tête de ce père détruit par la douleur de la perte, « On était des loups » commence comme une fuite en avant pour retrouver une liberté en apparence perdue pour évoluer vers un voyage initiatique au cours duquel un père et son fils arriveront à s’apprivoiser, s’écouter et se comprendre, malgré tout. Sur fond de nature-writing, Sandrine Collette s’interroge sur la notion d’instinct paternel avec ce père aux mots bourrus, aux manières un peu bestiales et sans concessions qui, malgré tout, aime passionnément, sans être en mesure de le dire. J’ai, à nouveau, été envoûtée par la plume si sensible de l’écrivaine, malgré son apparente rudesse. Le style est brut, presque sauvage, à l’image de la nature qu’elle sait si bien décrire, pour mieux se laisser happer par son contenu, profond et nuancé.