L'île haute

Il m'aura fallut 18 jours pour lire ce roman, 18 jours ça peut paraitre long, mais j'ai traîné, j'ai fait durer, j'ai tenté d'étirer le temps pour profiter et goûter au plaisir de cette atmosphère, de ces personnages, de cette géographie, de cette histoire bouleversante. Quand j'ai rencontré Valentine Goby à Blois début octobre, lors d'une soirée rencontre avec Annie Huet, dans les prémices des Rendez-vous de l'histoire, j'ai été sous le charme de cette auteure qui sait manier les mots et les phrases avec un tel talent et un plaisir évident. J'avais acheté ce roman le midi même, souhaitant le faire dédicacer, et un peu honteuse surtout de me présenter à cette soirée sans l'avoir lu 😏 Mais après coup, cette entrevue a été juste la tentation suprême de me plonger vite dans ce décor austère, mais salvateur pour Vadim. Ce roman, c'est l'histoire d'une "naissance", celle de Vincent, qui doit oublier son passé, son prénom, sa famille... C'est l'histoire d'une renaissance, d'un jeune garçon à l'aube de l'adolescence et ses premiers émois. C'est l'histoire dans l'histoire, parce que pour sauver, il faut mentir et cacher, pour échapper à l'innommable... Et c'est l'histoire de la découverte d'un endroit brut, dur, isolé, froid, immense, que Vincent va découvrir tel un enfant devant le sapin de Noël le 25 décembre au matin. Il va être avide d'apprendre, de voir, de goûter, de sentir, de ressentir, il va nous émerveiller de créer des couleurs pour chaque chose et objet, va nous faire frissonner au son des bruits de cette montagne, et Valentine, avec sa plume douce, tendre, sensible et addictive, va réussir à me tirer des larmes pendant les 10 dernières pages... Refermer ce livre est une douleur, je quitte la montagne, Vincent et cette histoire avec peine, mais tellement riche d'avoir partagé ces saisons avec eux ❤️ 18 jours pour un roman, ça peut paraître long, mais si je l'avais lu plus vite, je ne pense pas que j'en aurais ressenti autant d'émotions et de plaisir. Et puis, il n'y a pas de challenge dans la lecture, on peut lire un roman en 2 jours, comme en 18 😏. L'émotion ne sera pas la même d'un roman à l'autre, d'une histoire à l'autre, d'un(e) auteur(e) à l'autre. C'est la toute la richesse de la littérature, quelqu'en soit le genre !

Pendant la seconde guerre mondiale Vadim, enfant juif asthmatique vivant à Paris, est envoyé par sa famille dans les Alpes pour fuir la guerre, à la veille de la rafle du Vel’d’hiv. Il devient Vincent et découvre la vie des montagnards alpins, la nature, les animaux, la transhumance… son premier amour de jeunesse… durant presque une année il va vivre sous pseudonyme et s’adapter de son mieux à la vie dans les alpages et guérir son asthme. Puis le danger s’approchant il sera conduit aux abords de la frontière suisse pour ne pas mettre en danger ceux qui l’ont accueillis. Un roman initiatique des premières fois : premières montagnes, premières neiges, premières amours, etc… On vit au rythme des saisons et des découvertes de Vadim/Vincent. Ce n’est pas sans rappeler Heidi. La montagne est finalement le personnage principal, l’enfant celui qui l’a découvre et découvre la vie en même temps. Je regrette juste la fin, on aimerait savoir ce que devient ce gamin. Encore un bon Goby.

Il existe des textes où l'exigence de lecture me font peut être passer à côté d'un ouvrage. "L'île haute" est de ceux-là. Scindé en 3 grosses parties on enchaîne les paragraphes qui ont un déroulé chronologique mais qui ne "s'enchaînent pas". Globalement chaque paragraphe est autant de capsules, de moments qu'il faut picorer sans chercher à trouver un liant. Ce n'est que très tard que j'ai compris cela. Ce qui par conséquent à rendu la lecture fastidieuse. Ajoutez à cela une écriture assez précise au rythme assez lent : sans les codes de lecture je n'ai pas su apprécier la totalite lmdu texte. Cependant j'ai pu en apprécier l'élégance des descriptions très poétiques et cet amour pour la montagne. Une véritable parenthèse de vie "simple" pour un garçon vivant en temps de guerre. De jolies métaphores sur les couleurs et une découverte perpétuelle de la vie montagnarde, de sa rudesse mais surtout de sa beauté. Les premiers émois également et la candeur des journées simples. La trame de fond se veut assez légère mais le texte, lui, est plus sérieux et recherché, ce qui est déroutant à première vue. Un texte à ne pas mettre entre toutes les mains où alors en donnant cette fameuse clé de lecture qui permet d'en apprécier la plume de Valentine Goby.

Ce livre est un enchantement,  un florilège de couleurs, d'émotions que suscite la montagne. J'ai été séduire par la richesse du texte, les descriptions pour écrire la beauté étourdissante de la neige, des prairies, des fleurs, des oiseaux, de la lumière. Une montagne magnifique au fil des saisons.  Un livre époustouflant.

Une écriture pleine de couleur et d'innocence pour un enfant qui découvre la beauté de la nature mais aussi de la vie