Libraire34- 31/03/2019

Taqalire!

Taqawan, d'Eric Plamondon, Quidam Editeur. Janvier 2018. 205 Pages. 20 euros. Un très beau récit composé de courts chapitres, très dynamiques, très diversifiés, composé de cosmogonie Indienne, de traditions orales transmises sur l'histoire du saumon, de traités historiques, destinés à nous éclairer sur un conflit méconnu ayant pris part en 1981 au Québec : La Guerre du saumon. Pour la faire courte, le Gouvernement provincial, désirant s'émanciper du contrôle du Gouvernement Fédéral qu'il juge coercitif, décide de s'en prendre par la force aux Indiens Mig'maq en leur interdisant de faire ce qu'ils font depuis toujours : pêcher le saumon. Les Mig'maq, désormais sous la houlette du Gouvernement Fédéral n'ont d'autre choix que de subir une énième fois une violence inconsidérée, pris en étau d’intérêts politiques hypocrites. Car comme le montre Eric Plamondon, la pêche du saumon en haute mer, bien plus destructrice et menaçant la survie et la reproduction de celui-ci n'est pas sujette à de telles considérations. Partant de ces évènements qui ont vu 300 policiers de la sûreté du Québec intervenir sur la réserve Indienne pour tenter de juguler toute tentative Mig'maq de se révolter, Eric Plamondon nous dévoile l'histoire d'Océane, jeune Indienne Mig'maq. Rentrant de l'école le jour du coup de filet policier, Océane, 15 ans, assiste impuissante aux violences contre son peuple, et à l'arrestation sans ménagement de son père. Elle sera, lors d'un deuxième raid, violentée puis violée. Yves Leclerc, garde forestier sur la réserve, prend ses responsabilités devant cette ignominie et démissionne. Il la recueillera, et aidé par William, un Indien solitaire, tentera de la protéger des multiples dangers qui la guettent. C'est un très beau roman, noir et historique, habilement construit dans cet enchevêtrement de chapitres qui forment un tout cohérent, avec au final un sujet principal pas facile à traiter. Je m'attendais à un récit sur l'histoire du saumon, le Taqawan, en langage Mig'maq, "celui qui revient pour la première fois à la rivière qui l’a vu naître". Et au final j'ai pris une grande claque, j'ai versé ma larme devant la solitude et l'abandon dont est victime Océane, et j'ai encore confirmé ma passion pour tout les récits ayant attrait aux cultures Indiennes. "Ici, on a tous du sang indien et quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains." #Taqawan #Plamondon #Migmaq