L’ensorceleuse ❤️

Peau-de-Sang, l'ensorceleuse, la plumeuse d'oie vit dans le bas de la ville de kangoq au Québec. Non loin de la forêt. L'histoire se place totalement hors du temps. Dans la plumerie de Peau-de-Sang, derrières ses étales d'animaux, on trouve une femme indépendante et fascinante qui est la convoitise des hommes, des notables, des ouvriers, des maris. Chez elle on paye « la peau en peaux » Mais aussi des mères des jeunes filles qui veulent les éduquer aux hommes mais sans les hommes. C'est tout le pouvoir que cette femme détient. Plutôt amante que putain elle préfère vivre en gardant sa liberté, ses choix, même avec un maigre salaire, elle n'est jamais dans la soumission. Femme forte et féministe, elle inverse les codes. Mais comme toute femme puissante elle sera vite jalousée et considérée comme une sorcière... La grande tragédie de ce récit. Je dirais même ce conte car l'auteure nous embarque avec poésie dans ce roman noir unique, subtile et intelligent. Conteuse charnelle et éléguante Audrée Wilhelmy insuffle sa prose et ses vers libres, sans aucun point de ponctuation dans le roman, énième symbole de liberté de ce conte si singulier de Peau-de-Sang. Nous ne sommes pas déstabilisés et totalement plongés dans ce roman d'une force incroyable. Cette réinterprétation de Peau d'âne engagée est faite de métaphores à la chasse, au gibier, au charnel, à l'effeuillage des couches, à ces plumages et surtout à la part animale en chacun de nous. Du jamais vu et c'est grandiose! Elle transforme le sordide en lueur poétique et incandescente qui va subir un destin tragique. Ce livre m'a procuré tellement d'émotions qu'il a été très difficile de le quitter. La magie a opéré. C'est un véritable coup de cœur inattendu (les meilleurs) dont je ne me suis pas remise. Un conte gothique qui transforme la violence et l'abjecte en sublime, c'est un chef d'œuvre littéraire ❤️