La peur des monstres. Plutôt la peur du monstre qui sommeille en nous, n'attendant qu'une chose, laisser libre cours à une folie dévastatrice, meurtrière, n'écoutant que les pulsions qui permettraient de satisfaire la rage à des fins de retour au calme définitif. (illusion)
David Vann est un expert du pétage de plombs sobre, cruellement violent mais sobre tendance froide (ce qui rend la sensation encore plus angoissante).
Fini l'Alaska, je vous laisse deviner où se déroule la majeure partie de l'action de Komodo (si t'as pas trouvé dans deux secondes - le temps de lire la phrase - ça se passe sur l'île de Komodo). On y rencontre Tracy et sa mère, venues passer quelques jours de vacances avec le fils-frère fraîchement divorcé.
La tension est palpable dès les premières minutes. On sent une rancoeur enfouie, une aigreur qui fait de l'oeil à l'humour noir en guise de hors d'oeuvre entre Roy (le frère/fils) et Tracy. Et un peu aussi entre Tracy et sa mère. Très vite (vraiment très vite) le personnage de Tracy donne envie de hurler, de lui dire de se calmer, de se détendre un peu. Mais comment lui en vouloir quand l'histoire de sa vie se déroule au fil des pages, le lecteur étant témoin des injustices, du manque de bol, de la fatalité qu'elle subit quotidiennement. Comment lui en vouloir de ne plus avoir la force de contenir cette rage ?
Bien qu'on la comprenne, le personnage de Tracy est très difficile à supporter. Elle descend les autres constamment tout en se fustigeant elle-même, le déséquilibre complet d'amour propre. Pas facile d'être aimé donc, quand on est le personnage principal d'un roman (même si on est inventé par David Vann). Il faudra pourtant faire avec jusqu'à la fin du roman. Les deux tiers se passant donc sur l'île de Komodo, puis séjour écourté oblige, le dernier tiers lorsqu'elle retourne auprès de son mari et de ses deux jumeaux (qu'on a envie de claquer à chaque saut de pages, même s'il faut pas parce que c'est très mal vu dans la vie).
Komodo est un roman de tension constante, avec de temps à autre quelques instants de répits ; la description de la faune et la flore de Komodo aidant (qui ravira les lecteurs d'Aquarium du même auteur au passage). Mais même la placidité des poissons et la beauté des lieux ne viendront pas à bout des ongles rongées, du coeur qui palpite dans l'espoir que cette tension ÉCLATE enfin.
On sort de ce roman à peu près dans le même état que Tracy ; épuisé, en colère. Vraiment en colère. Contre les choix qu'on fait dans la vie, contre l'injustice qui paraît nous viser personnellement à cause de ces choix-là. (mais heureusement après un café et quelques clopes on se dit que tout le monde loge à la même enseigne).
Je mets un peu de réserve dans mes recommandations, cette lecture n'est ni plaisante ni facile. Mais la joie de retrouver un de mes auteurs fétiche a été tellement forte que je me suis plongé dedans, prêt à tout lui pardonner en cas de désaccord.
Le pire c'est que j'en redemanderai toujours jusqu'à plus soif. J'adore tellement la façon de décrire la tare psychologique chez Vann (parce qu'il sait de quoi il parle, et ça tu le sais si tu lis sa presque autobiographie Dernier jour sur terre).
À vous de voir, moi j'ai prévenu et je m'en lèche encore les doigts (même si mon coeur a eu du mal à s'en remettre par moments) !
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Orlynet
C'est exactement ça... en commençant me livre je ne m'attendais pas du tout à cette histoire, cette issue... on est partagé entre colère et compassion... ça donne envie d'en lire un autre de Vann 😉
Komodo
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Orlynet
C'est exactement ça... en commençant me livre je ne m'attendais pas du tout à cette histoire, cette issue... on est partagé entre colère et compassion... ça donne envie d'en lire un autre de Vann 😉
767 jours
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