Sébastien Lapaque signe un récit d’une renaissance, celle de Lazare, professeur d’histoire-géographie de 40 ans, désespéré par la noirceur du monde. Une chemin vers la joie semé de rencontres, de lieux et d’émotions.
Nos prénoms, sans doute, disent quelque chose de nous. Ainsi celui du personnage principal de “Ce monde est tellement beau”, le très ambitieux et accompli nouveau roman de Sébastien Lapaque, Lazare. Lazare, pas de hasard. Lazare, surgi d’entre les morts pour se tourner vers la lumière (et d’ailleurs pour l’y aider, fera-t-il la connaissance de sa jeune voisine, ornithologue qui l’oblige à lever la tête vers le ciel, et qui s’appelle, elle, Lucie, “la lumière” donc...).
Ce livre qui est aussi comme un conte métaphysique, pourrait se résumer à l’histoire de multiples révélations. D’abord une, sombre, triste comme un arrêt de mort, puis peu à peu, d’autres, comme autant de petites épiphanies, qui détournent le regard de son héros comme du lecteur vers ce qui vaut encore la peine d’être vu, donc vécu.
Révélation d’un manque
Tout commence un dimanche de février 2014 où Lazare, professeur d’histoire-géographie dans un lycée des quartiers périphériques parisiens, vivant avec bonheur ce travail qui lui apparaît, malgré les embûches pédagogiques qu’il subit parfois, comme une vocation (agrégé, il n’a jamais voulu finir sa thèse avec laquelle il aurait pu se consacrer à la recherche), a la révélation d’un manque, d’une difficulté d’être causée par la laideur de ce qu’il croit être le monde et qui n’est que l’époque, dévolue au culte de l’argent, sans autre foi ni loi et prête à tout pour parvenir à ses fins.
La femme avec qui ce quadragénaire partage ses jours sans qu’ils aient pu avoir d’enfants ensemble est partie sans lui dire qu’elle ne reviendra plus. La nuit tombe sur les jours de Lazare. Pourtant, l’amitié sera le point d’ancrage qui lui permettra de ne céder totalement ni au découragement ni au chagrin. Et ce, même si un accident de voiture le prive se a présence du plus cher d’entre ceux qui l’aident à remonter le cours tourmenté du fleuve de sa vie...
Grâce intense
Il lui faudra à la fois retourner vers les lieux et les émotions de l’enfance, Chartres, sa cathédrale, mais aussi s’ouvrir aux rencontres et aux discours de ceux qui n’ont pas renoncé à la joie, à son insondable et improbable mystère. Il lui faudra entreprendre un détour vers la Bretagne, au-delà vers ce “cher vieux pays” aux vertus séculaires.
Sébastien Lapaque est un cas à part dans notre paysage littéraire contemporain. Hédoniste (il est parmi les meilleurs connaisseurs des vignobles de France et des plaisirs de sa chère), lecteur le plus fin qui soit de son maître Bernanos (dont on retrouvera en ces pages de-ci de-là la métaphysique de “combat” et la haine des trissotins de la bourgeoisie), il assigne à la littérature, celle qu’il lit comme celle qu’il écrit, la plus haute des missions : apprendre à regarder le monde et désigner “l’immonde”. Parfois sottement étiqueté à droite, ou au moins réactionnaire, il est pourtant tout le contraire. Un homme souvent en colère qui sait dans le même temps que la beauté finit toujours par dissoudre son courroux. D’où la grâce, si intense de ce livre.
Quoi qu’il en coûte, que notre joie demeure
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