Lilyblio- 14/07/2023

Un roman post-apocalyptique métaphorique

Le Sanctuaire représente le refuge qu'une famille a bâti pour échapper à un mystérieux virus transmis par les oiseaux. Il se trouve dans une zone montagneuse et isolée près d'une mine et d'un cours d'eau. L'humanité s'est quasi éteinte, il ne reste plus que des hordes sans âmes. Gemma est la deuxième fille de la famille. Elle est née au Sanctuaire, après l'événement. Le père les a éduqué elle et sa sœur, June, à la dure, à la survie. Mais Gemma, armée de son arc, grandit et va alors transgresser les limites imposées. C'est une dystopie post-apocalyptique singulière que nous offre l'autrice. Plus on avance dans la lecture plus l'atmosphère devient noire, oppressante et dérangeante. La description du sanctuaire est sublime, on est transporté dans cette zone où la nature sauvage prime. Dès le départ il y a quelque chose de dérangeant dans la manière dont vit cette famille. L'isolement, et la mort qui rode, conduit la mère à ruminer un passé perdu. Elle tient pour l'amour de ses filles mais sombre peu à peu dans une douce folie. Quand au père décrit comme un géant intransigeant, sa dureté et sa fureur vont s'accentuer alors que son emprise pour protéger ce refuge se fend. Plus l'histoire avance, plus le huis-clos familial prend le dessus sur la question de survie. Le roman est également initiatique. Gemma symbolise la sortie de l'enfance et la recherche de sa propre voie. Elle apprend à s'émanciper de l'autorité de son père. D'une sauvageonne conditionnée à l'obscurité elle va s'illuminer, s'apaiser et s'adoucir. Comme l'a magnifiquement écrit Laurine Roux dans la dédicace de mon livre "Le sublime côtoie l'ignoble". La fin est à la fois surprenante et pourtant cohérente lorsqu'on reprend les "indices" disséminés. J'ai trouvé l'ambiance très particulière et pesante. L'écriture est agréable, belle et singulière. L'histoire est symbolique et métaphorique. Néanmoins j'ai eu beaucoup de mal avec certains passages trop lubriques à mon goût qui bien qu'ils signifient quelque chose n'avaient pas besoin selon moi d'être répétés et aussi longs.