Chris5867- 08/04/2022

Un classique

Quand j’étais petite, je me souviens avoir vu à la TV un téléfilm français sur un type qui voyage dans le temps dans un scaphandre vert, téléfilm qui m’avait fasciné. J’ai mis très longtemps à retrouver les références littéraires de cette histoire, c’est un roman de science fiction de René Barjavel appelé « Le voyageur imprudent ». Moi qui suis très peu science fiction et encore moins science-fiction « old school », j’ai quand même voulu lire ce livre assez court. Saint-Menoux est un mathématicien enrôlé dans l’armée en 1940. Pendant la débâcle, il échoue (pas vraiment par hasard) chez un physicien handicapé qui lui explique qu’il a mis au point une substance, la Noëlite, qui permet de faire voyager dans le temps toutes les choses dont elle est enduite. Grace à une combinaison toute imprégnée, Saint-Menoux commence à faire des bonds dans l’avenir et dans le passé, des petits bonds au début, puis des plus grands, puis des immenses. Il explore la Terre 100000 ans plus loin que son époque et ce qu’il y voit ne lui plait guère… Il explore aussi les siècles précédents mais plus par appât du gain et mégalomanie que par intérêt scientifique, l’idée obsessionnelle de changer le cours de l’histoire le titille. Mais c’est une idée extrêmement dangereuse qui l’amènera à commettre l’irréparable. Il faut s’habituer au style de Barjavel, surtout quand on est comme moi habituée aux récits modernes. Et le début de l’intrigue est un peu laborieux. Même si on ne décroche pas, on se fait violence car on sent que les bonds dans le temps vont s’enhardir. Toute la partie centrale, où la voyageur décrit l’avenir de l’humanité est très étrange et met assez mal à l’aise : un Darwinisme poussé à l’absurde à façonné un monde sans affect, sans paysages, hiérarchisé comme un organisme vivant, un monde sans aucun intérêt à vrai dire ! C’est dans sa dernière partie que « Le voyageur imprudent » devient pertinent : le voyageur cède à l’appât du gain et profite de ses voyages dans le temps pour détrousser ses ancêtres. Mais les bouleversements qu’il provoque, loin de l’affoler, le fascine. Son dernier projet, le plus fou, le plus insensé, le plus mégalo, le mènera à une fin pleine d’ironie, à la fois morale et presque métaphysique, qui vous laisse dans un abîme de perplexité. Un roman intéressant sur les voyages dans le temps, plus proche d’HG Wells que de « Retour vers le futur », encore que…