Svtlarde- 09/04/2020

Romain Gary au sommet

Magnifique livre. Il est considéré comme un des premiers manifestes écologiques, écrit d'ailleurs à une époque la protection de la nature ou même son respect était loin des considérations premières. Au travers d'un Français, Morel, on découvre une Afrique noire encore sous la coupe des empires coloniaux soumise aux premiers conflits indépendantistes. Seulement voilà Morel vient brouiller le message de ces fronts de libération en ne se battant que pour sauver les éléphants, sans aucune arrière pensée. Les éléphants, dont l'esprit de liberté a permis à Morel et ses compagnons de supporter l'internement en camp de concentration nazi, représentent le dernier symbole d'une nature libre. Mais ils représentent aussi un obstacle, un appel à l'Afrique primitive dont les indépendantistes aimeraient se passer. Pour eux, l'émancipation de leur continent ne passe que par l'oubli definitif de tout ce qui rattache l'Afrique à ses traditions. Si on oeut parfois sentir quelques longueurs au milieu de l'ouvrage avec un questionnement récurrent, au final, cela nous donne le temps de réfléchir à ces dilemnes. L'humanité est elle au dessus de la nature ? Faut il être misanthrope pour se consacrer à sa protection ? Chacun peut élaborer sa propre réponse car comme tous les bons livres, les racines du ciel posent beaucoup de questions mais n'apportent pas les reponses.