La malentendue

Je garde une boule dans le ventre après la lecture de ce livre, émotionnellement bouleversant. Mes larmes ont coulé aux dernières pages .

Avec La malentendue, l’autrice aborde le sujet si mal connu de l’emprise dans le cadre de violences conjugales… difficilement définissable et quantifiable, l’emprise c’est ce phénomène qui nous fait parfois nous demander « mais pourquoi elle n’est pas partie ? », « pourquoi est-elle restée », « pourquoi elle le protège et le défend quand il la traite ainsi ? » en ignorant la peur permanente des victimes, le doute, la honte, les impasses financières, judiciaires et/ou familiales, c’est ignorer l’aliénation des victimes à elles-mêmes, leurs isolements très souvent et les préjugés liés à leur situation… Et Yolaine Destremau explore cette emprise avec justement une héroïne qui ne correspond pas à l’imaginaire autour des victimes : c’est une femme au fort caractère, avocate, avec une famille et des amis, du moins au début. Malgré son métier, l’héroïne n’échappe pas aux mécanismes de la violence et son récit est d’autant plus poignant qu’il illustre bien le fait que la victime doit d’abord se reconnaître comme une victime également pour avancer. C’est un récit de contradictions, de doutes et de dédoublement souvent difficile à lire, mais très éclairant pour mieux comprendre les difficultés des violences conjugales. Je recommande grandement !

C’est un roman que j’ai trouvé plutôt difficile à lire par moment, le mécanisme d’emprise du conjoint est si bien décrit que le lecteur se sent également pris au piège. On est plongé dans cette relation toxique que subit le personnage principal.

L’écriture à la première personne permet de se mettre complètement à la place de la victime d’emprise. Le fait que ce soit une avocate issue d’une famille bourgeoise emphase le fait que cela peut arriver à tout le monde. Parfaitement exécuté. Il devrait être étudié pour comprendre les mécanismes de ces relations si toxiques. Poignant.

Cécilia est une femme brillante. C’est aussi une femme qui, peu à peu va devenir l’ombre d’elle-même, détruite par son mari. Derrière une passion amoureuse, se sont immiscés des mots blessants, cassants. Des attitudes, des gestes de trop. Ce sont d’abord des mots, par-ci, par-là, des reproches, des distances avec les proches. Puis les coups tombent. Les coups physiques et psychologiques. À travers ce récit, l’auteure aborde les violences conjugales, de manière très réaliste. Mais vers qui se tourner lorsque le bourreau a éloigné l’entourage ? À quel moment faut-il arrêter de lui trouver des excuses pour sa violence ? Comment se reconnaître en tant que victime ? Ce roman est percutant et extrêmement poignant. Entre déni et désillusion, nous sommes observateurs de ce drame, de cet enfer. J’ai ressenti des émotions fortes, pour cette femme et ses filles. Pour ces proches qui ne savent pas comment lui venir en aide, puisqu’elle est dans un déni. Cette situation complexe, entre celle qu’elle tente d’être au travail et celle qu’elle est à l’intérieur d’elle-même. J’ai été très en colère par ceux qui ont banalisé sa situation, « ça passera ». J’ai été très en colère pour toutes les victimes de violences conjugales, qui vivent aujourd’hui sous la colère et la violence de leurs proches. Une lecture qui ne m’a pas laissé indifférente, que je vous recommande.