Quand notre terre touchait le ciel

J’espère que mon avis rendra justice à ce sublime roman. C’est une histoire tout en émotion, qui ne rentre jamais dans le pathos. Le fait de commencer ce roman avec le point de vue d’une enfant pour raconter l’exil forcé de tout un peuple permet d’adoucir la dureté de la réalité. J’ai adoré suivre l’histoire de ces deux sœurs, en ayant des points de vue différents, et à des dizaines d’années d’écart. Une fois le roman commencé, je n’arrivais plus lâcher ce livre, je devais connaître la fin.

Ce roman c'est l'histoire d'un peuple dont on parle peu, l'histoire d'un peuple forcé de quitter sa terre sous l'injonction des chinois qui la veulent mais qui souhaitent aussi occuper leurs esprits.  Nous faisons la connaissance de Lhamo, une jeune adolescente tibétaine qui quitte son village avec ses parents et sa petite soeur Tenkyi, un périple les attend pour les amener à un camp de réfugiés, un voyage qui les laissera orphelines. Porté par une écriture fluide, l'autrice nous embarque dans l'histoire de cette famille pendant près de 50 ans. du Tibet au Népal mais aussi jusqu'au Canada nous suivons ces soeurs auxquelles on ne peut que s'attacher en lisant leur histoire. On y suit également une statue "un saint sans nom" d'une grande importance pour ce peuple mais victime de trafic d'objets anciens. C'est un roman magnifique, qui nous fait voyager à travers des paysages grandioses et qui aborde des thèmes divers tels que l'exode, la précarité, la spiritualité, les désillusions, le déracinement, l'espoir d'une vie meilleure, la famille. Dès le début du roman j'ai tout de suite aimé l'immersion dans cette famille mais aussi l'imprégnation de ce peuple et de cette culture que je ne connaissais pas et que je n'avais jamais lu auparavant. C'est un beau premier roman que je vous invite vous aussi à découvrir, un roman de près de 600 pages qui se lit bien et dont la fin m'a beaucoup ému.

Ce récit est dense, captivant et bouleversant. Il se déroule sur plusieurs décennies de 1960 à 2012, les chapitres restent fluide entre passé et présent. Le roman commence par l'exil des Tibétains vers le Népal. Les Chinois ont envahi le Tibet, massacré le peuple mais veulent bien plus que leur terre, ils veulent occuper leurs esprits. Tsering Yangzom Lama via cette épopée nous fait comprendre l'ampleur de la culture tibétaine et l'importance de la spiritualité pour ce peuple. On accompagne une famille dans cet exil de la traversée de l'Himalaya jusqu'au camp de réfugiés. On partage avec eux leur vie quotidienne, la précarité dût à leur nouveau statut au Népal. On suit également les péripéties d'une statut tibétaine d'un "Saint sans nom", admiré dans ce camps puis victime du trafic d'antiquités. On va aussi jusqu'au Canada, où les Tibétains de la nouvelle génération s'ouvrent sur le monde mais sans oublier leurs racines. Ce que j'ai adorée avec ce roman, c'est la découverte d'une culture, avec les valeurs profondes pour le respect des traditions et de la famille.

A travers les récits de la mère, de la fille, de la tante et de l'amoureux, on découvre la déchirure que cela représente d'être arraché à sa terre, forcé à l'exil. Il y a beaucoup de force, de nostalgie, de désespoir et d'espoir dans ce roman. La plume est fluide et poétique. Les personnages et leurs histoires sont touchants. Très belle lecture pleine d'émotions. 💚

Ce roman n’est pas un roman historique même si vous apprendrez inévitablement l’histoire de ce magnifique peuple tibétain. On se demande tout de suite s’il s’agit d’une biographie ou non . L’auteure nous dévoilera que les personnages ont été inspirés de son l’entourage. Le roman est un peu difficile à lire en raison de son intemporalité et des différents personnages . En effet , les chapitres se succèdent et les aller-retours se font entre le passé au Népal , le présent au Canada . Changement de pays mais aussi de période et de personnages . Il est vrai que l’on s’y perd un peu mais on découvre alors la volonté de l’auteure de désorienter le lecteur pour tenter de lui montrer les sentiments partagés des personnages . On ressent qu’ils sont présents mais ailleurs dans leur tête . Ceci exprime la terrible réalité des réfugiés : être à un endroit et ailleurs en même temps . Ce roman vous fera découvrir l’histoire d’un peuple que l’on a cherché à faire disparaître mais qui demeure malgré l’exil attaché à sa culture, à ses croyances, à ses espoirs . Aucune rancoeur dans l’écriture, juste une bienveillance, une clairvoyance et une douceur qui émane de la plume de Tsering . C’est extrêmement beau .