La trilogie de la violence : intégrale

Il n'est pas si évident de trouver ce qui démarque vraiment l'homme de l'animal. On se projette, on anticipe les conséquences, on conceptualise les choses pour en créer d'autres… Oui mais. Tout dénaturé qu'il est, l'Homme reste quand même un animal soumis à ses pulsions et ses ressentis. Si certaines peuvent être jouissives et partagées, d'autres sont bien plus noires et on préférerai alors qu'il nous soit impossible de conceptualiser afin de ne pas croiser la formidable capacité de création humaine dans certains domaines… comme la violence. Force est de constater qu'on a peu d'égal dans la nature la dessus et que l'Homme est un créateur de violence inégalé. Dans l'adaptation de la "Trilogie de la violence", on est au coeur de la machine malsaine. Franck Thilliez rivalise d'ingéniosité en mettant en scène les mécanismes froids qui nous glacent de réalité. Sylvain Runberg adapte et met en dialogue la plongée en eaux troubles des deux enquêteurs hors normes qui doivent composer avec le sordide et le trash sans qu'à aucun moment on ai l'impression que cela puisse s'arrêter. Car c'est une course sans fin, on enchaine les planches sans possibilité de reprendre son souffle. On descende toujours plus loin, toujours plus glauque, toujours plus infâme. Seule la mise en forme de Luc Brahy, subtil mélange de réalisme et d'arrondits rassurants, nous permet parfois de sortir un peu la tête de l'eau. Alors qu'en retirer une fois refermée ? Pas grand chose de neuf sur la nature humaine en tout cas, on sait justement qu'un de nos instincts animal est de sentir le danger et de tenter de s'en éloigner, rapidement. Tel le suricate qui se lève furtivement pour regarder au loin, on est bien content de pouvoir refermer l'album de son canapé, bien à l'abri, et on se plait a espérer que la violence de ces histoires ne rejoigne jamais la réalité.