Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau

Dans ce roman aussi énigmatique que son titre, Stéphanie Kalfon signe un texte entêtant impossible à lâcher. Tour à tour observateur ou complice de cette situation qui se délite, le lecteur est obsédé par le désir de comprendre et d’échapper à ce noeud qui se resserre peu à peu.

"Tout ce que tu aimes sera probablement perdu, mais à la fin, l'amour reviendra d'une autre façon". Autour de cette phrase de Kafka, Stéphanie Kalfon construit un récit vertigineux de disparition et de retrouvailles manquées. Une lecture déroutante, portée par un style vif et tranchant. Un grand coup de cœur de cette rentrée d'hiver !

Une écriture puissante, Stéphanie Kalfon développe une histoire dans une langue dont le style est remarquable et intelligible. Un voyage au bord de la folie qui questionne également sur le fait d’être mère.

En une seule nuit, seulement quelques heures, la vie d'Emma et de sa famille bascule. Persuadée, que ce n’est pas sa petite fille Nina qu'elle et son mari ont ramenée du commissariat, elle se retrouve anéantie et perdue, seule face à une vérité que personne d'autre ne semble voir. Elle ne la reconnaît pas cette copie. Rien ne va, son odeur, la couleur de ses cheveux, les élastiques de ses couettes et puis, ce qu'elle ressent. Ce qu'elle ne ressent plus, surtout. Cet amour maternel qui apparemment ne peut être décrit, mais seulement ressenti, reste silencieux face à cette petite fille qui, elle en est persuadée, n'est pas la sienne.  C'est dur d'être mère, ça l'est tout autant de grandir et de se construire lorsqu'on porte en nous des blessures et traumatismes hérités de notre propre mère. La tragédie d'Emma a commencé bien avant ces quelques heures décisives pendant lesquelles sa fille a disparu et n'est, à ses yeux, jamais revenue. Et c'est en la suivant dans sa spirale infernale qu'on découvre son passé, qu'on fait le lien avec son comportement présent et qu'on arrive au diagnostic qui tombe tel un couperet. Je n'avais jamais entendu parler du syndrome de Capgras et c'est avec énormément d'empathie que j'ai suivi cette femme brisée, en guerre avec elle-même, luttant contre son cerveau, plus en état d'entendre qu'elle est malade et qu'elle a besoin d'aide.  C'est cruel pour Nina et douloureux de la voir accepter de suivre sa mère dans sa folie pour tenter de gagner son amour et de passer du temps avec elle sans la craindre. Et on ne peut s'empêcher de songer qu'elle aussi portera à son tour des blessures qui l'influenceront une fois adulte. C'est une histoire émouvante et plutôt tragique. Une histoire sur les deuils qu'on ne peut pas toujours faire, sur la fragilité de l'esprit humain, la relation mère/fille et les traumatismes passés qui déteignent parfois de façon indélébile sur un présent qu'on pensait indestructible. C'est ma première fois avec l'auteur et je ne regrette pas de m'être laissée tenter par ce titre un peu long et mystérieux. Le style est parfois un peu trop "lyrique", mais j'ai aimé l'écriture. Ça n'empêche pas l'œuvre d'être rapide et facile à lire. C'est fluide et on se laisse porter jusqu'au bout.

Oufti ma petite prune, c’en est tout un roman ! D’abord je tiens à dire que ch’crois que je suis moins coriace que je le pensais sur des sujets dont j’avais à peu près rien à carrer. Mais c’est ma faute aussi, je m’ai mis le défi de lire le livre de Stéphanie Kalfon comme un roman traitant parentalité. Alors que. L’histoire plonge au coeur d'un drame sévère : la disparition d'une petite fille lors d'une soirée fête foraine. Quand la fillette est retrouvée saine et sauve, sa mère, Emma, refuse de la reconnaître comme sa fille. Elle est convaincue qu'il s'agit d'un sosie, et se lance alors dans une quête désespérée pour retrouver sa « vraie » fille perdue. L'écriture de Kalfon est à la fois pudique et puissante, elle crée une atmosphère sous tension avec un chouille de désespoir, dans le genre qui pègue. En ce qui concerne les personnages, celui d'Emma m’a touché, à la fois bouleversant et dérangeant, avec ses doutes, sa souffrance et son obstination. J’ai suivi de manière bien tendue sa réalité, qui la mène sur des chemins biens wtf .. On ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour elle alors qu'elle essaie de trouver un sens à sa vie après la disparition de sa fille. C’est talentueux, poignant, et je m’en veux un peu d’avoir cru que ce serait un roman qui traitait de parentalité et auquel je pensais ne rien ressentir. Well done ! @editionsverticales @stephanie.kalfon.1 #autrice #bookstagrammer #avislecture