Il reste la poussière

Les plateaux de Patagonie. La steppe à perte de vue que balayent des vents glacials. Une terre de caillasse si sèche que les arbres n’y poussent plus. Des milliers d’hectares où les troupeaux tentent de survivre. C’est ici, au milieu de nulle part, que s’élève l’estancia. Une exploitation menée d’une main de fer par une mère et ses quatre fils. Les jumeaux, Mauro et Joaquin, Steban et le petit dernier, Rafael, maltraité par ses aînés. Il n’y a pas d’amour dans cette "famille". La mère, silencieuse, froide, autoritaire ne ressent que de la haine pour ses enfants et elle leur mène la vie dure. Le père, un ivrogne invétéré, a disparu après avoir battu sa femme un peu plus que d’habitude. Une disparition comme un point d’interrogation. Une seule règle : travailler sans rechigner, se taire et surtout ne rien attendre en retour. Noirceur et haine sont le quotidien. Aucune échappatoire semble possible. Ils vont à la ville rarement. Aucune distraction n’est à envisager. Seule la mère s’enivre et perd régulièrement leur maigre pécule. Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer ... Dans un climat étouffant, brutal, désespéré, Sandrine Collette nous emmène. Elle nous plonge dans cette nature omniprésente. Un personnage à part entière. Un roman remarquable servie par une écriture parfaitement maîtrisée.

Ils sont 5 : la mère et ses 4 garçons, le père a disparu… le dernier de la fratrie est constamment le souffre douleur des deux ainés ; la mère, silencieuse, d’une dureté implacable, autoritaire et impitoyable, mène son exploitation d’une main de fer. Une « famille » et des vies sans amour , sans joies, sans distractions, juste le dur labeur et les douleurs… et la loi du plus fort . Une écriture tranchante tel un couteau bien aiguisé, au service d’un récit d’une noirceur quasi insupportable ; des descriptions d’une nature hostile, des visions, odeurs et bruits qui participent de ces atmosphères si singulières dont l’auteur nous enveloppe dans chacun de ses romans. Un récit empreint de cruauté, de brutalité physique et mentale, de désespoir… et puis … plusieurs événements vont venir dérégler l’horloge… Une fin silencieuse et pourtant assourdissante … J’ai été embarquée et secouée par cette histoire noire et magnifique malgré tout..

Comme souvent chez S. Collette, c’est un peu âpre et dur, mais le style est soigné, les personnages sont fouillés. Un beau livre donc, sur la complexité des rapports humains: rien n’est jamais ni blanc ni noir, le contexte complique tout...ce qui incite à ne pas juger trop vite.

Un gros travail sur les différents points de vue des personnages. Captivant.

Un livre plutôt sympa ☺️ pas un coup de cœur malheureusement… mais bon ☺️