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Résumé
Dans les trois siècles qui suivent la fondation de la ville, en 1517, Le Havre ne pense qu'à la mer. Les négociants, tout entier tournés vers le large, ne soignent pas leurs demeures. Les maisons de commerce sont construites sans prétention. L'utile l'emporte sur le décor et le faste. Mais à partir de 1852, Le Havre naît une deuxième fois. Après la destruction des remparts, l'habitat se déploie en quartiers diversifiés vers l'Est et le Nord. La séparation entre le port et la ville s'amorce, tandis que Sainte-Adresse développe une vocation balnéaire et devient un lieu de villégiature réputé. Après les bombardements de 1944 qui détruisent les « villes neuves » des 16e et 18e siècles, Auguste Perret, l'un des architectes majeurs du courant moderne, est chargé de la reconstruction. Il met alors en oeuvre une nouvelle manière d'habiter : le logement sera fonctionnel, conditionné par la structure en béton. Son travail, exemplaire, vaudra à la ville reconstruite l'inscription au patrimoine mondial de l'humanité. Aujourd'hui encore, Le Havre est une ville qui se réinvente en permanence. Les anciennes zones portuaires font l'objet, depuis 2004, d'une vaste opération de reconquête, support à de nouvelles manières d'habiter dont la transformation de conteneurs en logements étudiants constitue une première en France. Le travail présenté dans cet ouvrage est le fruit d'une étude exceptionnelle menée à partir des années 1990 par le service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la Région Normandie. Ce livre consacré à l'habitat succède à celui paru en 2005, Le Havre : un port, des villes neuves, qui présentait l'urbanisme et les édifices publics, religieux et portuaires. 25 mars 1969 Ce n'est pas seulement le goût qui, dans les inventaires, ajoute les statues romanes aux statues romaines, et les oeuvres gothiques aux oeuvres romanes avant de leur ajouter tes têtes d'Entremont. Mais ce ne sont pas non plus les découvertes, car les oeuvres gothiques n'étaient point inconnues : elles n'étaient qu'invisibles. Les hommes qui recouvrirent le tympan d'Autun ne le voyaient pas, du moins en tant qu'oeuvre d'art. Pour que l'oeuvre soit inventoriée, il faut qu'elle soit devenue visible. Et elle n'échappe pas à la nuit par la lumière qui l'éclaire comme elle éclaire les roches, mais par les valeurs qui l'éclairent comme elles ont toujours éclairé les formes délivrées de la confusion universelle. Tout inventaire artistique est ordonné par des valeurs ; il n'est pas le résultat d'une énumération, mais d'un filtrage. Si bien que nous ne tentons plus un inventaire des formes conduit par la valeur connue : beauté, expression, etc. qui orientait la recherche ou la résurrection, mais, à quelques égards, le contraire : pour la première fois, la recherche, devenue son objet propre, fait de l'art une valeur à redécouvrir, l'objet d'une question fondamentale. Et c'est pourquoi nous espérons mener à bien ce qui ne put l'être pendant cent cinquante ans : l'inventaire des richesses artistiques de la France est devenu une aventure de l'esprit. André Malraux