Le temps des ogres

La sécheresse s'est emparée du monde. La pluie n'est plus qu'un lointain souvenir que les jeunes générations ne connaissent pas, tout comme les plantes et les animaux. La nourriture et l'eau manquent cruellement. Obligée de fuir son village, Victoire, 13 ans, cherche à atteindre le Lac Baïkal, seule réserve d'eau de la planète. Sans repères, elle se trompe de chemin et ses pas la conduisent dans un lieu désolé où se trouve un cargo échoué autour duquel gravite des dizaines d'enfants affamés. Elle est loin de se douter de ce qu'il en retourne vraiment et va être, malgré elle, entraînée au plus profond de la misère et de l'horreur. Un court roman dystopique, mais intense. Dans le genre, il m'a un peu fait penser à l'ambiance du film "Waterworld", surtout avec l'histoire du cargo sur lequel semble piéger les personnages et le rapport à l'eau douce. Michelle Montmoulineix dépeint des scènes particulièrement terribles, mais tranchantes de vérité, autour de la famine et du cannibalisme. Il est également question d'une très belle histoire d'amitié et d'entraide entre trois protagonistes. Une amitié lumineuse qui redonne un peu d'espoir à ce tableau bien noir. Évidemment, ce récit résonne d'autant plus que le problème de la pénurie d'eau et de la sécheresse se fait de plus en plus urgente dans notre société actuelle. Nous n'en sommes pas encore aux extrêmes évoqués par l'autrice, mais cette lecture nous pousse à réfléchir sur la folie humaine et sur ce que l'Homme est prêt à commettre comme atrocités pour survivre. Le roman se termine sur une fin absolument merveilleuse qui m'a beaucoup émue. À découvrir !