Les bourgeois de Calais

Roman passionnant, aussi beau que cette œuvre magistrale

Le nouveau roman de Michel Bernard commence par l’observation d’une oeuvre du sculpteur Rude par Rodin, l’artiste en construction dont l’acuité du regard contient autant de l’admiration que l’énergie de la création. L’œuvre représentant le Maréchal Ney permet d’introduire toutes les contraintes d’une représentation humaine et symbolique, toute la difficulté d’un artiste à suivre son intuition et la conserver. Michel Bernard pose dans ce premier chapitre toutes ces questions qui guideront et ont animé les dix ans que Rodin a consacré à la réalisation des Bourgeois de Calais. Sans jamais revenir là-dessus directement, l’auteur prend le temps d’esquisser le trouble de la création, l’énergie portée par le sculpteur pour concrétiser un sentiment intime et profond. En filigrane, sous les contraintes de temps et de budget, au milieu des hésitations sentimentales et tergiversations politiques, se déploie la puissance d’un artiste qui a rencontré le sujet adéquat pour exprimer son art. Michel Bernard n’explique pas mais observe les mouvements des êtres. Il y a, dans ce roman, deux hommes : le maire de Calais à l’origine de cette commande et désireux de la voir aboutir et Auguste Rodin à la manœuvre et au travail. L’écrivain ne comble pas tous les mystères de cette création et c’est tant mieux. Il ne remplit pas l’espace avec des anecdotes ou scènes très attendues. Ainsi Camille Claudel est présente, en tant qu’artiste, que femme désirée, assez pour expliquer la difficulté de Rodin à travailler lors de leur rupture. Mais cette histoire aussi fusionnelle que destructrice ne prend pas le dessus sur le sujet du roman : les Bourgeois de Calais. Dans ce roman, Michel Benard parle des composantes de la création, tant philosophiques que financières. Il ne réduit aucune d’elles car elles forment un tout, influençant à leur endroit le mouvement du travail. Celui-ci devient ainsi un territoire aux nombreuses nervures et où persiste l’intuition de l’artiste, ce qui dans le cas de Rodin, se transforme en génie. Ce monument questionne deux époques : celle du sujet et celle de la création. L’artiste s’empare de l’Histoire, se nourrit des mots des historiens, contemporains ou non, pour les transformer en mouvement. L’énergie est à la fois dans le créateur et dans son œuvre. Regarder une œuvre, c’est être face au présent et au passé. C’est se retrouver face à une interprétation et Michel Bernard laisse respirer, dans les silences du travail, les mystères de Rodin. Ce monument parle de la Guerre de Cent Ans, de la Révolution française, d’une France qui a puisé dans une solidarité populaire. La corde reliant les bourgeois est un symbole d’union et de perte. Avec son écriture limpide et délicate, l’auteur compose un nuancier de rencontres, improbables et porteuses d’espoir. Il y a le maire et l’artiste. Il y a les bourgeois et leur destin, voire l’éternité. Il y a l’œuvre et le spectateur, le lecteur. Ces confrontations, ces retrouvailles apportent de l’émotion, celle de mettre en réalité des idées et des envies.

À nouveau Michel Bernard nous emporte avec sa belle écriture classique. Le sujet : la commande et la réalisation de la statue des Bourgeois de Calais par le maire de la ville, à Auguste Rodin. Et l’amitié qui les réunit. Ainsi que la difficulté de faire reconnaître et apprécier cette œuvre d’art novatrice. Un roman basé sur la correspondance entretenue à ce sujet par Rodin et par le maire, Omer Dewavrin. Intéressant

Michel Bernard nous raconte la génèse de l'œuvre magistrale de Rodin et nous parle du rôle d'Omer Dewavrin sans qui rien n'aurait été possible