Une mémoire vagabonde : la préhistoire que nous vivons

«Entre l'Hibernatus, sorti congelé d'un sommeil pluri-millénaire, et mon aïeul le juif errant, je ne fais guère de différence. Fantômes surgis de la nuit des temps, ils m'ont transmis leur savoir, leur mémoire, leur sensibilité. C'est d'eux que je tiens mon amour du Beau, ses canons plus aimables que ceux de la guerre. De millénaire en millénaire, l'homme a fait preuve d'une inventivité prodigieuse, déjouant les pièges du Diable, rivalisant avec le Créateur. De la parole au signe gravé sur la roche, de l'outil au monument de marbre, de la paroi d'une grotte au pinceau, il n'a cessé de vaincre l'oubli, stimulé par la divine étincelle du désir. Pour ma part, cet inlassable élan de génies bricoleurs éclaire amplement nos obscures origines. J'en revendique l'héritage : je suis un homme préhistorique.»