Le mur invisible

Isolée derrière un mur invisible. Coupée du monde qui semble avoir été stoppé net après une catastrophe due à la guerre. Ce petit pitch semble tout droit sorti d'une quatrième de couverture d'une dystopie comme nous les aimons. Mais non ! C'est bien le récit de la vie (presque) normale de la protagoniste de ce roman. Accompagnée de différents animaux dont un chien qui a sûrement pour chanson favorite le duo Céline Dion/Jean-Jacques Goldman, elle va survivre seule. Découvrir ce nouvel espace qui sera à l'avenir le sien et... oui c'est beau ! Quelques lourdeurs dans l'écriture et la lenteur du récit peuvent effrayer, mais n'ayez crainte, ce livre est vraiment reposant. Oubliez le fantastique du titre, le mur est rapidement oublié et notre intérêt se porte bien vite sur la vie de cette femme dont la limite à son histoire est simplement le nombre de feuilles sur lesquelles écrire.

Un livre totalement en accord avec la période de crise que nous traversons dans laquelle le retour aux sources, à la nature, et aux animaux doit s’opérer si l’on ne souhaite pas que notre univers s’effondre. Ici, la narratrice n’a pas le choix, elle doit malgré elle se reconnecter aux éléments pour survivre. Une œuvre qui, par son pitch, se voudrait oppressante et culpabilisante, devient grâce à la plume de l’autrice un havre de paix, rassérénant et réconfortant. Dès la dernière page nous sommes prêt•es à faire notre sac afin d’expérimenter la vie seul•e dans les montagnes.

Une femme se retrouve seule en forêt alors qu’un mur invisible et inexplicable la coupe de toute civilisation qui semble avoir été anéantie. Elle doit se débrouiller pour sa survie et celle de ses animaux qui sont désormais les seuls êtres vivants partageant son quotidien. Ce livre, difficile à quitter, est pour moi tellement d’actualité. Pourtant il a été écrit dans les 60´s. Mais j’y vois évidemment une métaphore de ce virus invisible qui nous sépare aujourd’hui les uns des autres. Et de la difficulté pour une femme seule à survivre dans un milieu hostile (ici, la forêt). Ça parle de la confrontation à la solitude, à la peur, à soi-même, aux souvenirs d’une vie qui ne sera plus, à la nature, tantôt dangereuse tantôt merveilleuse.

Un petit bijoux de lecture, un peu fantastique, très intime, qui nous parle de résilience, d'union avec la nature, de survie au sens le plus noble du terme. L'héroïne se retrouve "enfermée" en montagne, au chalet de ses amis, par un "mur" invisible en dehors duquel tout semble figé. Que s'est-il passé ? Nous n'en saurons rien et c'est tout là la beauté de ce livre. La quête sera dans sa survie. Son entourage animal. Sa résilience. Au temps qui passe à travers la lumière du soleil, des saisons. À lire et relire en ces temps d'isolement et de confinement.

Ce livre c'est une formidable histoire de femme de solitude d'abnégation...et d'acceptation...c'est en lisant ce livre que je me suis ditque ce qu'on ne pouvait éviter il fallait l'accepter. Et pendant le 1er confinement je l'ai relu et la découverte était encore plus délicieuse.