à la recherche du temps perdu Tome 4 : Sodome et Gomorrhe

Décomposer le présent : interpoler les souvenirs qui surgissent au détour d'un signe, un visages un geste ou un paysage familier, au milieu de la déambulation mondaine du narrateur. Il prend du galon, participe indirectement à la guerre froide entre l'aristocratie et la bourgeoisie, et se créer une place enviable, bien en vue. Plus M. de Charlus se dévoile, plus je l'aime. On sent poindre un début de catastrophe, la conjugaison de sa vie intime de plus en plus publique, et sa gravitation dangereuse d'un cercle mondain vers un autre annonce une chute malheureuse probable. Le souvenir soudain de la grand-mère à Balbec est terassant. Tout nous revient en mémoire : le premier séjour tant attendu, le lieu fantasmé décevant, la présence rassurante mais irritante de la grand-mère (je ne parle même pas de la similarité que je peux ressentir personnellement vis-à-vis de ce sentiment), la rencontre avec Albertine et son petit groupe... Et puis cette fin, ce revirement du cœur, intermittence des sentiments qui annonce un amour plein de souffrances et de tourments. Il est évident que S&D est un tournant, de par les thèmes osés qu'il aborde frontalement, et de par la fin de la vie insouciante qu'il annonce : l'idéalisation des souvenirs prend une couleur plus sombre, de déception en désillusion il semble que le narrateur entre en doute philosophique ; à force de vivre sur ses souvenirs, son monde intérieur devient plus amer, plus égoïste. Vers quel continent du sensible vas-tu m'emmener à présent Marcel?