à la recherche du temps perdu t.2 ; à l'ombre des jeunes filles en fleurs

œuvre grandiose malgré sa longueur, non seulement pour les 7 tomes qu’elle comporte, mais surtout parce que chaque phrase, ou presque, est comme un gouffre sans fin dans lequel on peut trouver de nouveau matière à réflexion

“Or, les souvenirs d'amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l'habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c'est justement ce que nous avions oublié (parce que c'était insignifiant, et que nous lui avions ainsi laissé toute sa force). C'est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur de renfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-même ce que notre intelligence, n'en ayant pas l'emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore.”

Bah ils sont vrais. À un moment ça devient intéressant genre j'avais envie de continuer et tout, mais il se passe la même chose pendant cinquante pages ensuite et c'est écrit tout petit. Venez on arrête de faire genre c'est ouf parce que tout le monde le dit. C'est laborieux, long, ennuyeux. Écoute Marcel c'est très bien les jolies phrases mais jte cache pas c'est lourd quand même un peu.

Par quel artifice fabuleux, Marcel arrive-t-il à fasciner aussi puissamment? Ces phrases sans fin, tissant le fil infini de cette narration qui désintègre le Temps, le sculpte à la convenance de l’artiste, comment s’organisent-elles dans une mémoire, comment se fait-il qu’elles réussissent à tenir alors que tout devrait s’effondrer ? Là est tout le secret, la magie, la beauté et la puissance de Proust. Enfin, on rencontre Albertine, à Balbec. Quel merveilleuse mise en regard opérée entre « Nom de pays : le nom » et « Nom de pays : le pays »… Je suis à la fois épuisé et extatique de poursuivre.