Né en Iran

Une baguette fraiche et des carrés de chocolat, les planches près de la mer, un âne dans le pré d'à coté, des radiateurs gris, un bar de cuisine, une moquette bleue, une rue qui monte vers l'école, blanche a coté d'une place rouge. Et puis les mots, les rires, les cris parfois, les pleurs aussi. Retourner dans son enfance, dans son passé par des petits détails de rien, par des éléments structurels qui ne racontent pas forcement de vérités mais définissent la cadre de nos souvenirs. C'est ce que nous propose Majid Bita dans "Né en Iran". Il ne cherche pas a nous raconter une histoire de ce grand pays secoué, mais des éclairs sur quelques périodes où il a grandit au milieux des objets, des odeurs et les voix des gens. Des bombardements de la guerre avec l'Irak, à la révolution des années 80 jusqu'aux protestations plus récentes. Presque sans mots, il nous fait entrer chez lui. Nous familiarise avec ce qui l'a entouré, ce qui l'a marqué. Pas forcément par qu'il le dit, mais parce qu'il nous le livre brut. Alors parfois on s'y perd un peu, cherchant un message ou un aboutissement mais il n'est rien. Il ne s'agit ici que d'essayer de nous faire parvenir les odeurs d'opium du grand père, le son d'une radio, le silence d'une cave, le gout d'un biscuit chapardé, l'étonnement de la découverte d'un trésor de livres enfouis car interdits, la satisfaction d'une affiche durement acquise. On est avec lui, perdu également dans ces fumées nostalgiques d'un temps révolu. Chacun y trouvera les messages socio-politique qu'il souhaite, car si il y a bien quelques prises de position tout en pudeur, rien n'entache l'amour de son pays. Alors on se retourne nous aussi sur nos quelques madeleines. Comme Majid, certaines sont plus douloureuses que d'autres, et on les regarde s'éloigner au fil des années, on tente parfois de les transmettre pour que d'autres nous comprenne, et puisse ressentir avec nous ces sentiments si particuliers. Et puis on revient au présent, dans la construction des nouveaux.