Cocon

Il y a des titres qui marquent et Cocon est sans conteste un de ceux-là. Le trait est épuré et doux. Et heureusement ! Sinon ce titre serait insoutenable. L'illustration de la couverture en est le parfait exemple. A première vue, elle représente une jeune fille dans un paysage de bord de mer. Image idyllique jusqu'à ce que le regard se pose sur le bas de son pantalon, clairement ensanglanté. Et ce manga se résume à ça. Le contraste entre l'insouciance et les incursions dans l'imaginaire de San face à la violente réalité de la guerre : les blessés en surnombre, les opérations dans un hôpital improvisé, le manque de médicaments, le sang, la vermine qui s'attaque aux chairs, les corps démembrés par les obus, les agressions sexuelles. San se construit tant bien que mal un cocon imaginaire pour tenir le coup face à la barbarie, pour ne pas flancher ou sombrer dans le désespoir ou la folie. Au fil des chapitres, la lecture devient de plus en plus éprouvante, tant par la violence psychologique que physique. Certes, le trait est épuré, mais pour autant, la mangaka n'épargne pas le lecteur et n'hésite pas à dessiner des scène de plus en plus violentes, sans fard. Elle le confronte ainsi crûment à la mort, accentuant ainsi cette urgence de survie dans un univers qui semble avoir basculé dans les ténèbres les plus profondes. Ce one shot excellent se révèle être une véritable claque, à réserver à un public averti qui en ressortira fortement ébranlé.