Floride

Un recueil de nouvelles puissantes et transcendantes, des histoires de femmes parfois perdue, mais toujours fortes et independantes, des histoires qui ne laissent jamais indifférent et qui nous transmettent l'humidité floridienne.

L ’œuvre de Lauren Groff a reçu un éclairage particulier lorsque Barack Obama a déclaré à la presse que son roman « Les Furies » était son livre favori de l’année 2015. Si elle est en effet une écrivaine remarquable, l’Américaine est également une nouvelliste tout aussi impressionnante. On avait déjà pu le constater avec les histoires collectées dans « Fugues ». Les onze qui composent « Floride » ne peu- vent non plus s’oublier. Le climat sombre est posé dès la première, « Espaces vides et fantômes ». Il fait froid l’hiver dans le nord de la Floride. Encore plus la nuit. Une femme qui hurle laisse son mari et ses fils, sort de sa maison de style cracker pour aller marcher dans les rues de son quartier. Les êtres qu’elle croise ressemblent à des personnages d’Edward Hopper. À des fantômes bien visibles... Arrive ensuite l’un des plus hauts sommets du recueil, « Dans les coins imaginaires de la Terre, qui est ronde ». Jude grandit dans une demeure près des marécages. Auprès d’un père herpétologiste qui con- serve des serpents dans des bocaux et d’une mère rêvant d’émancipation. Toute une existence se déroule ici. Jusqu’à une fin saisissante. Ne pas rater « Et le chien devient loup ». Petit chef-d’œuvre où deux gamines de 4 et 7 ans se retrouvent seules dans une cabane de pêche sur une île au milieu de l’océan. Abandonnées par une mère qui porte des robes si courtes qu’on voit sa culotte... Lauren Groff peint l’angoisse avec une rare maestria. Les nouvelles de « Floride » sont envoûtantes, dures et cruelles. Elles se lisent le ventre serré, la gorge nouée.