Peter Pan de Kensington

Comme à son habitude, Munuera nous offre de belles illustrations pour accompagner la découverte d’une œuvre classique. Ici il s’agit de la première version peu connue de Peter Pan, nommée « Le petit oiseau blanc ». Une lecture douce et poétique.

"Tout ce qui peut être imaginé est possible." Tout un programme dans cette phrase. On passe du stade cartésien à celui de l'émerveillement, où l'on n'a que faire de tout ce qui ne nous semble pas logique, possible, ou réalisable. Et si, d'un coup, les yeux d'enfants reprenaient le dessus pour nous rappeler nos rêves ? Ce que l'on s'est promis et que l'on a laissé sur la route du possible. Grâce à cette sublime adaptation de Peter Pan, on en a l'occasion, dès les premières pages. Ne faire qu'un avec ce petit gars que seules les ombres peuvent voir. Oublier le fantastique des fées et autres créatures imaginaires qui gravitent dans ce parc londonien pour chasser avec lui de quoi rompre la solitude. Car dans tout rêve, on trouve une forme de solitude. Parce qu'il ne se construit qu'avec nos tripes, parce qu'il ne peut se désirer qu'avec notre cœur, et c'est bien là notre seule réelle liberté. Peter va croiser Maimie Mannering, perdue dans le parc sans s'en être aperçue. Il va chercher à la garder pour lui, en lui promettant le pays des merveilles, en lui racontant le bonheur de rester un enfant pour toujours, en détruisant l'image des parents qui ne veulent que des "enfants silencieux". Il finira par écouter son rêve à elle : rentrer chez elle, retrouver ses parents, et le garder dans son cœur. Ensemble, ils devront passer outre les ombres de ceux qui les poursuivent sans raison, comme la raison nous poursuit lorsque l'on cherche le mieux. Les mots sont justes, les planches bleutées sublimes. C'est une claque visuelle et poétique. José Luis Munuera nous livre un échappatoire percutant et jubilatoire. Dans tout. Il faudrait alors redescendre après ce genre de lecture, pour se confronter à nouveau à la réalité d'une nouvelle année qui commence, faite souvent plus de promesses que de rêves. Mais si elles "n'engagent que ceux qui les croient", il est urgent de s'émerveiller à les réaliser rapidement.