La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école

« La mort programmée de l’école » : le titre est évocateur. Jean-Paul Brighelli décortique une à une les différentes politiques post soixante-huitardes qui ont conduit à son déclassement, de la primaire jusqu’au lycée : réforme de la méthode d’apprentissage de la lecture (passant de la méthode BA-BA à la méthode syllabique) ; réduction drastique des heures d’apprentissage du français, de l’histoire et de mathématiques (parfois remplacées par des matières plus folkloriques comme les langues étrangères ou l’informatique, souvent supprimées purement et simplement) ; disparition de l’enseignement chronologique de l’histoire et de la littérature au profit d’enseignements par « thèmes » qui conduisent à une méconnaissance profonde de l’histoire de la France et de ses grands évènements ; allègement considérable des manuels et autres outils d’apprentissage… À propos des manuels de français : « Ce qui était autrefois « anthologies » s’est mué en « manuels », encombrés d’un vocabulaire abscons auquel parents et élèves ne comprennent goutte – c’est un critère de choix comme un autre. (…) C’est-à-dire, pour parler clairement, que les manuels actuels ont la prétention d’égaler, en 350 pages, des ensembles qui faisaient, chez l’un ou l’autre éditeur, entre 2 000 et 2 500 pages. »   « L’enseignement de la littérature a pratiquement sacrifié l’histoire littéraire. Derrière des intentions qui pourraient être louables, si elles étaient applicables, on convie les professeurs et les élèves à s’acharner sur des « objets d’étude » définis par genres (poésie, théâtre, etc.) ou par objectifs (éloge et blâme – la « communication », vous dis-je !), en sacrifiant dans les faits tout ce qui était à proprement parler culturel. »   Selon l’auteur toutes ces mesures affichaient l’objectif de réintroduire de l’égalité à l’école et d’effacer les distinctions ; seulement, loin d’atteindre le but qu’elles semblaient se donner, ces politiques conduisent au contraire à accentuer la reproduction sociale : seuls les élèves recevant à la maison le plus d’aide et d’armes culturelles de la part de leurs parents, échappent à la médiocrité ambiante d’une école qui ne parvient plus à transmettre… Le résultat produit est que le système social est parfaitement figé. Mais rien n’est advenu par hasard : « Derrière l’anéantissement de toutes les facultés de l’esprit, il y a un projet ». La chute vertigineuse du niveau est le résultat d’une volonté, elle sert des intérêts. Ces intérêts, ce sont surtout ceux des entreprises, dont les besoins d’une main-d’œuvre peu qualifiée et polyvalente ont considérablement augmenté ces dernières années. Ainsi, l’école cherche-t-elle à former des travailleurs plutôt qu’à instruire, ce à quoi elle ne parvient pourtant même pas toujours (les besoins du marché évoluant trop vite et l’offre de formation ne s’adaptant pas assez vite à eux ; ainsi, certains bacs professionnels ne conduisent-ils plus à l’emploi…).     « Si d’un côté l’industrie réclame quelques techniciens ou cadres supérieurs très performants, elle a besoin de l’autre d’une masse de travailleurs de plus en plus polyvalents : comprenons qu’une formation initiale sérieuse leur est de moins en moins nécessaire. »   Quelques établissements scolaires, notamment dans les beaux quartiers de Paris, sont préservés de ce nivellement par le bas (en raison d’un attachement vif aux méthodes d’enseignement traditionnelles, à la valorisation de l’effort et à la préservation d’une culture « classique »). Les autres établissements, la majorité d’entre eux fabriquent des crétins, qui, dépourvus de bagages intellectuels et culturels solides tombent dans l’hyperconsommation ou le sectarisme religieux. « Alors le collégien, le lycéen, s’évadent dans deux dérives : le consumérisme, la multiplication d’objets dérisoires qui pallient, brièvement, les frustrations ; et la superstition, où l’impuissance s’en remet à la toute-puissance. »   Une description éminemment pessimiste, mais importante, du système scolaire contemporain.

Livre dense, un chouya pessimiste, l'auteur voudrait que les élèves maîtrisent parfaitement la langue française et les maths avant de commencer tout autre apprentissage. Loi Haby sur le collège unique début de la fin, effondrement du système scolaire pour lui. Le bac n'est plus un diplôme, aujourd'hui selon la diktat du politiquement correct, il faut que tous les jeunes aillent à la fac... À partir du moment où il y a plus de 80% de réussite, cela ne peut pas être un diplôme. À titre d'exemple Le bac de 1801 sous Napoléon, 2% de réussite

Très intéressant sur le plus beau métier du monde