En attendant Bojangles

Une histoire d'amour magnifique et troublante, ainsi qu'un point de vue novateur sur la maladie psychiatrique.

C'est grâce à une amie, que j'ai appris l'existence de ce roman d'Olivier BOURDEAUT. Et quand au gré de mes déambulations dans ma librairie favorite, je suis tombée sur la version graphique, je n'ai pas hésitée une seconde. Et je ne regrette pas mon choix. C'est une histoire d'une belle poésie, d'un couple qui vit totalement à part du reste du monde, un peu hors du temps. Ils s'aiment d'un amour sincère et profond, profitent de la vie, rient, se moquent des convenances et ne s'imposent aucune contrainte. De leur union est issu un petit garçon, qui vit au milieu de ce monde un peu fou, gai et rieur, avec comme compagnon, Mademoiselle Superfétatoire. Mais, il y a aussi de la mélancolie, de la tristesse, qui nous bouleversent. Les illustrations sont justes parfaites pour nous montrer cet univers chaud, vibrant, avec juste la nuance de couleurs qu'il faut, en fonction des émotions et des situations. Franchement, j'ai dévoré ce roman graphique, qui m'a juste donner envie de lire le roman, pour m'imprégner d'avantage dans cette ambiance.

On aime ou on n'aime pas je crois. Moi c'est le style d'écriture qui ne m'a pas séduite. Du coup, jai vraiment eu du mal à rentrer dans l'histoire.

Une histoire troublante, un dessin magnifique

Connaitre l'autre. L'accepter telle qu'elle/il est. Jouer de ses traits de caractères, anticiper ses réactions, rire ensemble des situations. Si on se connait mal lorsqu'on démarre une vie à deux, il n'est pas rare d'entendre "qu'il est complètement fou ou qu'elle est hystérique" lorsque les années ont coulées. C'est bien souvent le besoin non assouvit qui s'exprime. Dès qu'il n'est pas compris, pas identifié ou alors tellement éloignés des capacités, il n’y a parfois pas d'autres solutions que le silence démuni ou que la rage étalée. Alors oui, c'est sur le tard qu'on se connaît et qu'on arrive a définir un peu près ce qu'on attend ou ce dont on est capable. Mais parfois l'amour change tout et permet d’avancer quand même… la folie du désir permet de s'adapter, le besoin de l'autre ouvre l'écoute et l'acceptation. Dans "En attendant Bojangles", on pourrait penser que c'est la folie des deux amants qui permet de passer outre les difficultés alors que c’est bien « l'amour fou » qui fait que ça marche. Certes c’est une forme de descente aux enfers lente et douloureuse, mais ça reste beau dans les stratagèmes trouvés pour donner un semblant de normalité à ce qui ne l’est pas. Les dessins de Carole Maurel donnent une vie parfaite aux émotions: tout est beau et colorés quand l’on sent que le drame avance pas à pas. Les belles planches complètent parfaitement la réécriture d’Ingrid Chabbert qui accélère certains passages mais tout y est et rien n’est dilué trop rapidement. Oui l’amour donne des ailes, et oui la compréhension de l’autre est là pierre angulaire indispensable pour espérer s’aimer toujours. Comme quoi si les "contraires s'attirent" ce n'est pas forcément un gage de réussite au bonheur et mieux vaut parfois choisir son équivalent tant l’amour est un jeu de rôle où il faut être compris pour être serein.