Madame Bovary : moeurs de province

Comment oserais-je donner un avis sur une telle œuvre? Juste un sentiment de plaisir littéraire face à cette écriture. Je découvre surtout un élément que je n'avais pas perçu lors d'une première lecture, c'est la musicalité des phrases. Chacune mérite une lecture à voix haute ou mentalement déclamée car on s'aperçoit que nous sommes quasiment face à une poésie de plusieurs centaines de pages. Chaque phrase tombe à la perfection au niveau sonore. La mort d'emma est également une des scènes de mort les plus fortes qu'on puisse lire. A re re re découvrir !

Un peu ennuyant au début, mais le style de Flaubert reste agréable à lire et se lit tout seul au fur et à mesure. Permettez-moi également de m’opposer à toutes ces personnes déplorant la pauvre Emma Bovary, victime de son siècle et de ses idéaux romantiques. Nenni. Emma est une égoïste hautaine, cruelle, irascible, mauvaise comme tout. Charles (agaçant dans son insouciance) l’épouse, fait tout pour lui rendre la vie la meilleure et la plus supportable que possible, mais elle, elle s’en moque : elle méprise un mari qui veut se montrer le plus attentionné possible, le trompe allègrement, l’endette, et en profite pour du même coup imaginer de machiavéliques stratagèmes pour s’enfuir en ne pensant même pas à son enfant, tout cela sans se soucier des potentielles souffrances qu’endurerait Bovary suite à ces entreprises. Emma ne songe qu’à sa propre petite personne et à son bonheur exclusif, traite son voisinage et le « bas-peuple » comme des sous-produits de déchets (la scène du bal masqué à Rouen parle d’elle-même) et n’a de respect ou de considération pour personne d’autre que les héros de ses romans. Et au finale, elle s’en sort indemne.

Que dire de plus sur ce classique si ce n'est qu'il trouve une étrange résonnance à notre époque dans le sens où nous sommes tellement abreuvé de fictions qu'elles en viennent inconsciemment pour certaines à grignoter notre vie réelle et à parfois être source de frustration quand on se cogne au mur du réel.

Il faudrait avoir une certaine maturité pour comprendre et apprécier le livre, à 29 ans je ne regrette pas d'être retombée dessus, l'histoire d'une Emma qui cherche le bonheur, le bonheur auprès d'un homme mais qui ne le trouvera jamais, déçue de son mariage, elle le cherchera éperdument ailleurs, un idéal qui comblerait son ennui, collectionnant les gaffes jusqu'a l'irréparable. Rien de fantastique, cette histoire est conté comme une vraie, démontre une facette moins jolie, moins idéalisée d'un couple en ménage, de l'amour après mariage

Je l'ai lu à 16 ans, je me suis terriblement ennuyée. Un de mes amis, qui a 25 ans de plus que moi, m'a dit de le relire quand j'aurais 30 ans. Que je comprendrais vraiment ce livre quand je serais plus âgée. Je le relirai donc à 30 ans !