Les grands cimetières sous la lune

J'avais lu ce livre il y a quelques années quand je m'intéressais à la guerre d'Espagne. Bernanos a écrit le bouquin en 1937 alors qu'il séjournait à Palma de Majorque. Le point de départ est son indignation face à l'élimination de personnes soupçonnées de sympathie communiste, et ce, avec la complaisance de l'Église et l'ingérence de militaires étrangers en Espagne lors de la guerre. Il n'y a rien de plus aux motifs de cette condamnation. Et c'est là toute la matière de cet écrit. Le livre est au reste un pamphlet qui part dans tous les sens, où Bernanos règle ses comptes avec tout le monde sans réel fil directeur. C'est bien rédigé, avec style, mais à la longue c'est indigeste. Un coup, il désavoue Vichy et Maurras, puis il fustige les Juifs, les Francs-maçons et les homosexuels avant de louer Drumont pour mettre dos à dos la démocratie et le légitimisme ... Si bien qu'on ne sait pas trop à quoi s'en tenir ! Bernanos s'est exilé au Brésil dictatorial de Gétulio Vargas l'année suivante, juste avant les accords de Munich. Il ne rentrera en France qu'en 1945 après la guerre et la destitution de Vargas. C'est pourquoi il ne faut pas faire de ce récit ce qu'il n'est pas : une ode à la liberté. C'est le témoignage d'un catholique monarchiste attaché à l'autoritarisme d'État, face à des exactions commises par ceux qu'il considère comme de son camp lors d'une guerre civile. C'est aussi la réaffirmation de ses croyances au complot judéo-maçonnique, à la pureté de sang etc.. L'Histoire n'a pas donné raison à Bernanos. Je ne conseille pas ce bouquin. Vous n'y trouverez rien d'intéressant. Il n'y a rien à retenir de ce récit, pas même la lecture des atrocités d'une guerre.