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Résumé
Le proverbe ne ment pas : les chiens aboient, la caravane passe. En France, après qu'un président de la République eut cru bon de dénoncer, non loin d'un cercueil, les «chiens» médiatiques auxquels aurait été «livré l'honneur d'un homme», la caravane est passée : mesures anti-immigrés, remise en cause du droit d'asile, crispations identitaires autour du GATT, peur multiforme de l'autre, indifférence accrue au monde, retour envahissant du national, lâche impuissance en Bosnie, etc. Depuis, les «chiens» se font discrets tandis que la politique française tourne au fait divers : un an après celui de Pierre Bérégovoy, le suicide à l'Elysée de François de Grossouvre ensanglante une fin de règne crépusculaire. La vie publique tombe à la rubrique des chiens écrasés, le débat d'idées cède la place à la chronique des prévarications, les grandes ambitions affichées dévoilent des secrets de fabrication peu honorables. Cette réalité encombre et dérange ceux qui font profession de journaliste. On peut choisir de faire l'autruche, refuser de se salir les mains et de prendre des coups. On peut aussi penser que si nous voulons remplir notre mission, qui est de rendre intelligible le présent pour maîtriser l'avenir, il nous faut bien visiter les coulisses du spectacle. Sinon, nous ne serons plus que les porte-voix des apparences, otages d'une communication qui est l'ennemie de l'information, reflets dociles des pouvoirs en place, de leurs discours maîtrisés et de leurs mensonges calculés. Ce choix, avec ses raisons d'être, ses contraintes et ses risques, est le sujet de ce livre, réflexion paradoxale sur le journalisme : réponse à ses détracteurs et critique de ses compromissions. Quand la République se résigne à être scandaleuse, quand la démocratie ne se veut plus vertueuse, quand l'éthique laisse place au cynisme, quand la marchandise dicte la loi, on ne peut prétendre à la neutralité. Acteur autant que spectateur, le journaliste doit choisir son camp.