Président cambrioleur

Une expression que j’ignorais : «  on ne va pas se tirer les cartes entre gitans «  Ce livre nous rend Macron plutôt sympathique

Emmanuel Macron a déjà beaucoup donné à la littérature politique. Un bouquin de plus, se dit-on en regardant la couverture de « Président cambrioleur ». À tort. L’ouvrage de Corinne Lhaïk, journaliste à « L’Opinion », sort du rayon dans lequel ce genre de livres atteint vite sa date de péremption. D’abord grâce au style de l’auteure. Sec, nerveux, précis. Droit au but et sans circonvolutions. Ensuite, et c’est ce qu’on attend d’un tel récit, parce qu’il est parfaitement documenté. Un travail de journaliste, tout simplement. On interroge, on recoupe, on écrit, on dispense son lecteur de tout jugement. Un auteur ne consacre pas des années de sa vie à un sujet sans éprouver pour lui de l’intérêt, voire de la fascination. Mais Corinne Lhaïk ne manifeste ni béatitude ni hostilité à l’égard du président. Cela dit, comment rester insensible à un homme qui, âgé de cinq ans, décide d’aller vivre chez sa grand-mère maternelle plutôt que chez ses parents. Et qui, à l’adolescence, assure à sa professeure, vingt-quatre ans de plus que lui, qu’elle deviendra sa femme. Emmanuel et Brigitte Macron forment un couple fusionnel, raconte Corinne Lhaïk. Macron ne doute de rien et n’est jamais en proie au découragement ou à la peur physique alors qu’il suscite une haine irrationnelle et que son quinquennat (qui n’est pas fini) a enchaîné les tempêtes. Il s’épanouit dans les crises. C’est ce caractère que Corinne Lhaïk perce à jour grâce aux témoignages de proches ou d’adversaires qui louent d’abord tous son intelligence super sonique et évoquent sa séduction tactile, forcément réduite à néant par le Covid-19. En revanche, le virus ne l’empêche pas de continuer à conclure ses SMS, envoyés à toute heure de la journée ou de la nuit, par « Bises ». Macron ne retourne pas sa veste, explique Corinne Lhaïk. « Il puise dans sa garde-robe, faite de vêtements volés un peu partout et choisit la panoplie du jour en fonction des circonstances. » Il s’entend aussi bien avec Daniel Cohn-Bendit qu’avec Philippe de Villiers. Macron a sa face A, dominatrice, et sa face B, coopérative. S’il a envie de séduire son interlocuteur, il ne parle pas à l’affect. Lui, le passionné de littérature (et de BD) peut, dans les rapports humains, tourner brutalement une page. Ce Rastignac qui se prénommerait Arsène, comme Lupin, est entré à l’Élysée par effraction. Impossible à refaire en 2022, alors qu’il n’a pas apaisé le pays et que le macronisme n’existe pas sans lui. C’est lui qui devra mettre l’alarme pour n’être pas cambriolé.